Les marchés financiers ont été fortement perturbés depuis l’accélération de la propagation du Covid-19 à l’échelle mondiale. Les banques font ainsi partie des premiers acteurs à s’inquiéter de l’impact économique de l’épidémie en Europe. Toutefois, selon les spécialistes, les risques de déboucher sur une crise financière sont assez faibles en raison des spécificités de la situation actuelle.
À la base, l’activité d’une agence de notation consiste à effectuer une comparaison des banques afin de leur attribuer des scores correspondants à différents critères. Cette analyse permet notamment d’établir des classements selon certains paramètres, d’apprécier la performance d’un établissement dans le temps, ou encore d’évaluer la situation des différents acteurs du secteur à un moment donné.
L’agence de notation Scope Ratings a récemment analysé les tendances sur les marchés et dans le secteur bancaire pour mesurer l’impact de l’épidémie de Covid-19 sur l’économie européenne.
Selon ses analystes, les banques sont a priori préservées d’une nouvelle crise financière, bien qu’elles soient fortement affectées par cet évènement planétaire.
Dans un contexte dominé par l’incertitude, les marchés ont généralement affiché une tendance à la baisse depuis quelques semaines. Les investisseurs commencent à s’inquiéter et les banques redoutent la survenue d’une nouvelle crise financière. D’ailleurs, les observateurs ont pu constater l’apparition de la plupart des signes annonciateurs.
Toutefois, le contexte est totalement différent selon les analystes de Scope. En effet, les banques européennes sont actuellement dans une situation financière et prudentielle plus solide, même avec des marges réduites.
Par rapport à la période précédant la crise de 2008, elles disposent de meilleures sources de financement, d’un faible taux d’endettement, d’importantes réserves de liquidité et de plus de fonds propres.
D’autre part, les marchés ont décroché en raison d’un facteur extérieur au secteur financier, à savoir les réactions à une menace d’épidémie virale. Ainsi, les mesures réglementaires prises en conséquence devraient être totalement différentes pour les banques. Elles ne seront donc pas liquidées ou sanctionnées pour des pratiques douteuses en interne, mais soutenues face à un évènement extraordinaire.
D’ailleurs, la Réserve fédérale américaine (Fed) a récemment cherché à rassurer les acteurs du secteur en baissant les taux aux États-Unis. Toutefois, en dépit des bonnes intentions de la banque centrale américaine, ce type de disposition ne permettra pas de stabiliser les marchés bouleversés par les problèmes d’approvisionnement et de production dus à l’épidémie.
En définitive, la seule manière d’éviter une éventuelle crise financière consiste à trouver un traitement efficace contre le coronavirus ou du moins à enrayer l’épidémie grâce aux mesures de quarantaine. Pour une fois, les banques centrales et les régulateurs n’ont aucun pouvoir sur une crise potentielle dans le secteur.
D’après les experts de Scope, les réseaux bancaires européens risquent notamment de voir chuter leurs revenus sur plusieurs activités, dont la banque d’investissement, la gestion d’actifs et la banque de financement. Le problème concernera aussi les crédits pour les PME et les ETI. Ils risquent également de réaliser des contre-performances sans précédent sur les marchés financiers.
En effet, le marché des introductions est quasiment fermé. Ainsi, le marché secondaire sera inévitablement touché si les cours ne cessent de baisser sur une période prolongée. Les banques percevront donc moins de commissions au cours du premier trimestre, et peut-être même jusqu’au second trimestre 2020. Tout dépend en effet de la durée de l’épidémie et des mesures de confinement associées.
Dans l’immédiat, les banques européennes sont confrontées à des problématiques opérationnelles non négligeables et potentiellement risquées. Elles doivent en effet prévoir des mesures spécifiques pour maintenir leur activité en cas de confinement des salariés. Le télétravail s’impose généralement comme la solution la plus courante dans ce cas de figure.
Toutefois, chaque établissement devra avant tout relever le défi technique et organisationnel représenté par la coordination de son équipe à distance. Ce dispositif requiert notamment un système informatique assez performant pour assurer la qualité et la sécurité des services.
La mise en réseau de l’ensemble de son personnel augmente d’ailleurs la vulnérabilité de l’établissement face aux cyberattaques. La récession économique fait également partie des risques à ne pas écarter dans le contexte actuel. Selon Scope, sur BFM Business :
Un scénario de récession, couplé à une capacité de relance monétaire très limitée et à une faible propension pour la relance budgétaire, et l'épée Damoclès du coronavirus peut clairement produire un très mauvais résultat pour les banques.
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