La BCE repousse l’introduction de mesures de protection des banques contre les effets des taux négatifs
Bien qu’il se soit engagé à faire un geste pour aider les banques à préserver leur rentabilité, affectée par la faiblesse historique des taux d’intérêt, le président de la Banque centrale européenne estime que l’introduction de telles mesures n’est pas encore opportune. Le conseil des gouverneurs de l’institution a ainsi décidé de poursuivre l’évaluation de l’impact des taux négatifs sur l’activité bancaire avant une éventuelle intervention.
La BCE disposée à compenser les effets des taux négatifs sur la rentabilité des banques
En mars, la BCE avait relevé avec inquiétude l’impact négatif des taux bas sur les marges des banques, situation qui lui fait craindre pour leur « stabilité financière à long terme ». En effet, depuis trois ans, dans le cadre de la politique monétaire accommodante de l’institution de Francfort, les établissements prêteurs se refinancent à taux zéro.
Quant à leurs excédents de liquidités, qui restent donc hors de l’économie réelle, elles sont taxées à -0,40 %. Il en résulte un coût annuel de l’ordre de 7,5 milliards d’euros pris en charge principalement par les enseignes allemandes et françaises.
À la fin du premier trimestre, Mario Draghi avait déclaré que la BCE était disposée à intervenir afin de maintenir les conséquences positives des taux négatifs sur l’économie tout en réduisant les éventuelles incidences indésirables.
Mais alors que le secteur avait repris espoir, ce qui s’est traduit par un rebond des valeurs bancaires sur la plupart des places financières européennes, le patron de l’institution francfortoise vient d’annoncer que la mise en place de telles mesures n’est pas encore à l’ordre du jour.
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Pas de visibilité sur les taux d’intérêt au-delà de 2019
Cette déclaration de Mario Draghi met un terme aux spéculations qui circulent sur le marché concernant l’introduction d’un taux de rémunération à « paliers » des dépôts des établissements prêteurs.
Ce système appelé « tiering » déjà opérationnel en Suède ou en Suisse a pour but de compenser les effets des taux négatifs sur la profitabilité des banques. Avec ces paliers, ces dernières ne commenceraient à payer des intérêts à la BCE que lorsque leurs dépôts seraient supérieurs à un certain seuil.
La BCE a également botté en touche sur la question de l’évolution des taux d’intérêt, toujours proches de seuils historiques et qui ne devraient pas en bouger au cours des prochains mois. Cette conjoncture permet aux acteurs du secteur de continuer à proposer des conditions de crédit attractives aux entreprises et aux ménages, comme le montrent les comparatifs des banques.
Les experts attendaient pourtant du système de « tiering » qu’il favorise le statu quo en termes de politique monétaire. Pour l’heure, l’institution se contente de s’engager au maintien des taux faibles jusqu’à la fin 2019, laissant les observateurs dans l’expectative quant à sa stratégie à partir de 2020.