La politique de taux faibles de la BCE ne semble pas avoir eu les effets escomptés

La Banque centrale européenne

Dès son application, la réduction des taux par la Banque centrale européenne (BCE) a fait polémique dans le secteur. Cette politique vise foncièrement à dynamiser l'investissement et la consommation en sanctionnant les dépôts en liquide ainsi que les épargnes sans risque. Toutefois, en cherchant à répercuter ce taux sur leur clientèle, les banques ont tendance à provoquer l’effet inverse.

Malgré la politique de la BCE, les Européens ne cessent de gonfler leurs dépôts. L’encours des Français, par exemple, atteint actuellement les 400 milliards d’euros. Par ailleurs, les dépôts à vue et les versements en numéraire étaient estimés à plus de 18,6 milliards d’euros au premier trimestre 2019. Il s’agit d’un volume deux fois plus important que l’année précédente, sur la même période.

Ce phénomène est dû à l’appétence des épargnants pour les placements non risqués et les produits sous forme de liquidité. Vu le rendement de ce type d’investissement, ils sont souvent déçus en découvrant leur rémunération. Finalement, ils préfèrent encore laisser leur argent sur leur compte bancaire.

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Une situation tendue dans le secteur bancaire

Afin de respecter les normes prudentielles, les banques européennes sont obligées de placer leurs dépôts en partie à la BCE. Cette dernière facture pourtant les dépôts excédentaires à 0,4 %. Ce taux pourrait d’ailleurs être revu à la hausse à 0,5 % à la suite de la réunion prévue le 12 septembre prochain.

Face à cette perspective, les banques françaises et allemandes ne cachent pas leur mécontentement. En effet, les établissements bancaires des deux pays payent déjà 60 % de la taxe appliquée par la BCE, pour un montant total de 7 milliards d’euros.

Dans ce contexte, les banques ont de moins en moins de marges de manœuvre en raison des taux négatifs appliqués aux bons du Trésor. Cette mesure limite leurs opportunités et les empêche de diversifier leurs risques.

De plus, leurs marges sont encore rognées par les taux de crédits immobiliers qui tendent à baisser. Selon l’observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen dans le domaine était de 1,2 % en juillet 2019, toutes durées confondues.

Vu leur situation, certains établissements bancaires envisagent de répercuter sur leur clientèle le coût de la politique de la BCE. Plusieurs banques helvètes ont dû prendre cette décision, notamment Pictet, Julius Baer et bientôt UBS Suisse. Selon le Financial Times, la taxation de 0,75 % sur les dépôts ne concernerait que les montants dépassant les 2 millions de francs suisses. Pour l’instant, la France n’est pas encore confrontée à ce dilemme en raison de ses comptes courants non rémunérés.

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Une mesure peu convaincante

Dans une certaine mesure, les frais de tenue de compte représentent déjà une manière d’inciter les clients à ne pas laisser des liquidités dormir sur leur compte. Ainsi, les Français sont déjà plus ou moins habitués à subir une forme de sanction sur les dépôts. Tout dépend néanmoins du montant prélevé à ce titre par la banque.

La BCE a récemment annoncé qu’elle était en train de travailler sur un taux négatif modulable pour les liquidités dormantes. Les banques nationales considèrent toutefois qu’il s’agit d’une manière peu subtile d’anticiper la prochaine baisse du taux. Pourtant, les marges des banques européennes sont déjà fortement affectées par cette mesure, au regard de leurs résultats trimestriels.

Les banques espagnoles Banco Sabadell et Caixa affichent actuellement des projections assez faibles en termes de croissance. Le Crédit Agricole Île-de-France, pour sa part, ne peut que constater la stagnation de ses revenus. La banque française a ainsi noté :

« Une forte dynamique d’activité contrecarrée par le contexte de taux défavorables marqué par l’augmentation de l’effet taux négatif ».

En dépit des apparences, cette situation ne devrait pas mener à une taxation des dépôts selon un chef économiste de Degroof Petercam, Bruno Colmant. Toutefois, si les taux baissent encore, ils peuvent affecter tous les types de dépôts et être répercutés sur les clients. Ces derniers risquent ainsi de retirer massivement leur argent des banques.

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