Les frais appliqués par les banques suisses ne cessent d’augmenter
Selon la FRC (Fédération romande des consommateurs), les banques suisses ont augmenté leurs frais de 45 % en moyenne depuis 2012. L’organisme dénonce par ailleurs l’absence de transparence en la matière. De leur côté, les banquiers invoquent notamment la digitalisation de leurs activités afin de justifier ce phénomène. En tout cas, les clients commencent à changer de banque.
Chez UBS, les clients doivent payer deux francs suisses pour effectuer un retrait depuis le 1er juillet dernier. Auparavant, cette prestation n’était pas facturée par la banque. Les clients de PostFinance, quant à eux, ont dû s’acquitter d’une taxe de cinq francs par mois depuis début janvier 2019, pour la tenue des comptes renfermant un montant supérieur à 7 500 francs suisses. Les dépôts étaient également gratuits avant cette date.
La hausse continue des tarifs bancaires peut s’observer dans tout le pays, d’après le responsable de la politique économique de la FRC, Robin Eymann. L’organisme révèle cette tendance dans son rapport semestriel sur les frais appliqués dans le secteur.
Je compare les offres bancaires
Un mécontentement perceptible
En dépit du mécontentement général, les tarifs bancaires pourraient encore augmenter à l'avenir. En effet, sur ce marché libre, la hausse des prix n’est régulée par aucune autorité légale. À travers un communiqué publié le 27 juin dernier, l'Ombudsman des banques elle-même a fini par décider de se dégager de toute responsabilité par rapport à ce problème.
D’après l’institution :
« La problématique du caractère adéquat des frais et commissions bancaires échappe à son appréciation, les questions de politique commerciale et tarifaire générale ne relevant pas de la compétence de l’Ombudsman ».
Cependant, les banques suisses pourraient bien réévaluer leur décision d’augmenter les tarifs face à la réaction des consommateurs. PostFinance, par exemple, a recensé 300 000 fermetures de comptes en 2018, d’après son rapport interne de gestion.
Interrogée par la RTS sur le sujet, la banque a tenu à relativiser le phénomène en évoquant la création de 60 000 relations clients au cours du premier semestre 2019. Toutefois, l’établissement en a perdu près de 130 000 autres en parallèle. Environ 70 000 d’entre elles ont cessé à cause des hausses tarifaires.
Pour leur défense, les banquiers ont invoqué la stabilité des tarifs dans le pays depuis près de dix ans. Cela dit, la FRC constate actuellement des augmentations allant jusqu’à 60 %, notamment pour les propriétaires qui disposent d’un compte courant de PPE (Propriété par étage).
Je compare les offres bancaires
Une augmentation causée par différents facteurs
La hausse des frais bancaires provient notamment d’une conjoncture défavorable se développant dans le secteur depuis quelques années. Comme le souligne Robin Eymann, le phénomène s'est surtout accentué depuis la fin de l'année 2014, date d'application de taux négatifs au niveau de la Banque nationale. Cette décision a fortement fait baisser les marges des établissements bancaires du pays.
Selon l’expert de la FRC :
« On voit que ces taux sont appliqués de manière détournée sur les clients, ce n'est pas transparent.
De leur côté, les professionnels du secteur indiquent que ces taux n’entrent pas directement en ligne de compte dans les calculs des institutions bancaires, même s’ils augmentent leurs dépenses. Autrement dit, ce paramètre n’engendre qu’une petite partie de cette hausse. Il faut par ailleurs considérer la digitalisation des banques pour expliquer ces augmentations.
Selon les explications du directeur général de la BCN (Banque cantonale neuchâteloise), Pierre-Alain Leuenberger, sur RTS :
« Contrairement à ce qu’on pourrait penser, elle ne réduit pas les coûts. Elle aurait plutôt tendance à les dédoubler parce que les banques gardent leur offre traditionnelle à côté de la mise en place d’une offre digitale ».
Pierre-Alain Leuenberger.
De plus, d’après le banquier, la réglementation plus « dense » mise en place après la crise de 2008 génère des frais supplémentaires, généralement répercutés sur la clientèle.