Un rapport d’enquête dénonce les mauvaises pratiques du secteur bancaire australien
En Australie, la série de scandales qui a ébranlé le secteur bancaire a conduit la commission royale à mener pendant une année une enquête sur les différents abus constatés. Le rapport publié le 4 février dernier après la clôture de la Bourse de Sydney comprend 76 recommandations. L’objectif est moins de refondre la réglementation existante que d’améliorer leur application.
De nombreuses pratiques frauduleuses dans de nombreux domaines mises en lumière
L’enquête de la commission royale a mis en lumière de nombreuses pratiques frauduleuses dans les secteurs du crédit à l’habitat et de l’assurance vie, sans compter la facturation de frais bancaires à des clients décédés ou fourniture de mauvais conseil aux clients. Ces constats ont émergé de l’analyse de 10 000 plaintes et du témoignage de 134 victimes.
Important La commission a déploré l’impact financier négatif de la « cupidité » des acteurs du secteur, toutes ces manœuvres n’ayant pour objectif que de maximiser leurs ventes et leurs revenus.
Ainsi, alors que de nombreux particuliers ont essuyé des pertes, les établissements financiers ont réalisé des profits considérables. Les quatre plus grands groupes bancaires du pays, qui dominent le marché national des prêts immobiliers à 80 %, figurent d’ailleurs en bonne place au classement mondial des firmes les plus prospères.
La sortie de ce compte-rendu jugé « accablant » a poussé le ministre des Finances à tenir un discours de mise en garde sévère à l’encontre des établissements financiers. De son côté, la commission a proposé 76 mesures pour changer totalement les pratiques, notamment en révisant plusieurs règles et en durcissant le contrôle et les sanctions.
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76 recommandations de la commission visant plusieurs catégories de professionnels
Les courtiers en prêts hypothécaires sont particulièrement visés. Censés chercher en toute indépendance une offre adaptée à la situation des clients et financièrement avantageuse, ces derniers les ont poussés à souscrire un montant supérieur à leurs besoins.
En effet, les banques paient à leurs apporteurs d’affaires une commission proportionnelle à chaque somme empruntée. D’autres sont allés jusqu’à créer de faux documents pour permettre à leurs clients d’obtenir le prêt demandé, même s’ils n’ont pas les moyens de le rembourser.
L’enquête a également révélé l’existence d’une fraude de 850 millions de dollars australiens (l’équivalent de 540 millions d’euros) portant sur des prestations imaginaires facturées aux clients, y compris des personnes décédées.
Dans le domaine des retraites et des assurances, les enquêteurs ont identifié des fonds de pension aux rendements proches de zéro, et des ventes « forcées » par téléphone à des publics vulnérables.
Pas de refondation de la législation bancaire, mais un contrôle et des sanctions accrus
Des poursuites judiciaires sont ainsi envisagées après saisine du régulateur, ce dont se réjouissent les observateurs, bien qu’ils déplorent que les problèmes de fond, dont la restructuration du secteur bancaire, ne soient pas abordés dans le rapport.
Malgré la gravité des faits, les experts financiers saluent l’exclusion de toute idée de refondation de la législation. Car une telle conclusion aurait pu inciter les banques à resserrer davantage le robinet des crédits, pesant encore plus lourdement sur l’économie déjà sévèrement affectée par les prix en baisse des logements. Le vote des réformes attend la prochaine majorité parlementaire après les élections de mai prochain.