Quand les investisseurs africains se ruent vers le secteur bancaire
En Afrique, le secteur bancaire connaît une tendance qui s’est installée il y a quelque temps. Que ce soit au Burkina Faso, au Sénégal ou au Cameroun, davantage d’entrepreneurs décident en effet d’investir dans ce secteur très rentable. Pourquoi le marché bancaire suscite tant l’engouement des hommes d’affaires africains ? Éléments de réponse !
Contrairement aux banques mondiales dont les marges n’ont pas progressé entre 2012 et 2016 (celles-ci sont restées à 3,8%), celles d’Afrique ont gagné presque un point de pourcentage (+ 6,8%). C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par le cabinet McKinsey. L’an dernier, la rentabilité des capitaux des établissements africains s’est établie à 14,9%, soit :
- autant que celle des banques des économies asiatiques émergentes ;
- plus que le double de celle des enseignes des pays développés.
Pierre-Antoine Balu, responsable des activités des secteurs financiers en Afrique au sein du cabinet PwC, appuie ces statistiques en affirmant :
À titre de comparaison, la rentabilité sur fonds propres (ROE) est de l’ordre de 15% en moyenne sur le continent. En Europe, on se situe pourtant autour de 8% à 10%.
Pierre-Antoine Balu.
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D’importantes opportunités à saisir
L’intérêt croissant des investisseurs africains pour le secteur bancaire est lié à leur désir de dénicher de nouveaux relais de croissance. Eu égard au retrait du marché de la plupart des grands groupes bancaires internationaux, celui-ci offre d’importantes opportunités. Par ailleurs, Pierre-Antoine Balu souligne :
Avec un taux de bancarisation oscillant entre 15 % et 20 %, il y a des segments de la population, notamment les catégories à faible revenu et les acteurs du secteur informel, à capter. Connaissant le milieu, ces entrepreneurs peuvent permettre d’atteindre plus facilement ces cibles que dédaignent plus souvent les établissements bancaires traditionnels.
Pierre-Antoine Balu.
La volonté de créer une synergie entre la banque et d’autres entités
Outre la rentabilité élevée dévoilée par le comparatif banque réalisé par McKinsey, le gain d’intérêt pour le secteur bancaire relève d’une recherche de synergie entre la banque et d’autres entités. Pierre-Antoine Balu explique que :
La tendance doit être une démarche d’hybridation qui amène la banque à devenir une espèce d’agrégateur de différents acteurs.
Pierre-Antoine Balu.
Souhaitant consolider la logique de bancassurance du groupe NSIA, l’assureur ivoirien Jean Kacou Diagou a ainsi acquis 97,07% du capital de la filiale pour l’Afrique francophone du nigérian Diamond Bank.
Pour sa part, l’homme d’affaires sénégalais Kabirou Mbodgje convoite la togolaise Siab (Société interafricaine de banque). Il envisage de combiner les ressources de l’établissement et celles de sa Fintech Wari pour développer une plateforme de transfert d’argent.
Quant au burkinabè Apollinaire Compaoré, il ambitionne de créer une synergie entre le secteur bancaire et celui des télécoms. Il concrétise son projet avec le déploiement d’un service de transfert d’argent et de paiement de factures : Telcel Money.
