L’équilibre du marché bancaire est-il menacé par l’expansion des banques numériques ?
Les banques numériques gagnent davantage de terrain sur le secteur bancaire. Parce qu’elles accaparent aujourd’hui une part importante du marché, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) veut savoir si ces enseignes digitales pourraient menacer l’équilibre de celui-ci. C’est ainsi qu’elle a mené une étude qui révèle que les banques numériques présentent un risque financier et un risque opérationnel susceptibles d’altérer cet équilibre.
En septembre prochain, l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) publiera une étude portant sur les activités des banques digitales (banques en ligne et banques mobiles) en 2017.
Selon les informations recueillies par un quotidien d’actualités économiques et financières, 1,3 million de comptes bancaires auraient été ouverts auprès de ces établissements numériques.
ImportantCela représente environ 36% des comptes ouverts au cours de l’année 2017, toutes banques confondues. Les enseignes digitales, qui revendiquaient 4 millions de clients en décembre dernier, auraient par ailleurs signé un tiers d’usagers de plus, en l’espace d’un an. Aujourd’hui, elles détiennent près de 5% du marché bancaire.
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Pourquoi cette étude ?
Eu égard à cette expansion importante des établissements numériques sur le marché bancaire, l’ACPR a mené son étude afin de s’assurer qu’ils ne créent pas de perturbations susceptibles d’ébranler la stabilité financière. Une source du quotidien explique :
Le gendarme bancaire s’est interrogé sur leur rythme de conquête de clients, la rentabilité de leurs différents modèles économiques, leurs investissements marketing, la proportion de leurs clients actifs par rapport à ceux qui sont plutôt opportunistes, etc.
Risque financier
Dans son étude, l’ACPR s’intéresse alors à la pérennité de ces modèles de banque à distance, sur leur rentabilité en l’occurrence. Publiés au Bulletin des annonces légales obligatoires (BALO), les comptes annuels de ces enseignes montrent que leur balance financière est négative.
L’an dernier, Orange Bank a en effet dégagé une perte nette de 75,9 millions d’euros. Boursorama a par ailleurs engrangé une perte de l’ordre de 48,8 millions d’euros. Pour BforBank et Monabanq, les pertes sont respectivement évaluées à 20,2 millions et 8,6 millions.
Risque opérationnel
Outre le fait qu’elles peuvent déséquilibrer le marché parce qu’elles ne sont pas rentables, les banques digitales représentent un risque pour celui-ci, du point de vue opérationnel.
En témoigne un rapport de l’Autorité bancaire européenne (EBA) qui met en avant les risques opérationnels accompagnant l’émergence de nouveaux services mobiles. Cette étude souligne surtout les risques liés à l’utilisation du système de biométrie, pour l’authentification des clients bancaires en l’occurrence, dont :
- les éventuels détournements ou fraudes ;
- les risques d’« oligopole » et de « capacité à fixer les prix » d’un faible nombre de fabricants.
Sur ce point, l’EBA commente :
Étant donné la prolifération de banques mobiles et la domination sur le marché de certains systèmes d’exploitation mobiles, qui incluent des systèmes de biométrie intégrés, un risque de concentration sur un faible nombre de fabricants de portables dominants pourrait subvenir […] et atteindre un niveau systémique.