Les pertes pourraient s’estimer à hauteur de 4,5 milliards d’euros pour le Credit Suisse dans l’affaire Archegos
Après les scandales Archegos et Greensill, le Credit Suisse souhaite regagner au plus vite la confiance de ses actionnaires. Ces derniers ont notamment exigé le licenciement du patron de la gestion des risques, qu’ils jugent être l’un des principaux responsables de ces histoires. Le patron de la banque helvétique souhaite aussi renforcer les fonds propres du groupe zurichois.
Le Credit Suisse est sans nul doute la banque la plus impactée par le scandale Archegos. En effet, alors que des enseignes bancaires japonaises ont estimé à 2 milliards de dollars leurs déficits à cause de cette affaire, l’enseigne helvétique prévoit des pertes à hauteur de 4,5 milliards d’euros. Une situation qui ne l’arrange pas, sans nul doute, d’autant qu’elle se retrouve déjà au cœur de l’affaire Greensill, une fintech britannique ayant fait faillite en mars et à laquelle la filiale de gestion d’actifs du Credit Suisse avait prêté 10 milliards de dollars.
Autant dire qu’en matière de comparaison des banques, les investisseurs risquent de fort probablement de le bouder.
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Renforcer les fonds propres de 1,7 milliard d’euros
Pour endiguer un énième scandale, le superviseur bancaire suisse, la FINMA, a lancé une deuxième « procédure d’enforcement » à l’encontre du Credit Suisse, concernant sa relation d’affaires avec Archegos. Le directeur de la FINMA, Mark Branson, a déjà imposé des mesures strictes au groupe zurichois. Il a notamment pris des dispositions en vue de la réduction des risques, des suppléments de fonds propres et des suppressions de composantes variables des rémunérations.
Pour sa part, le patron de la banque helvétique, Thomas Gottstein, se fixe comme objectif de regagner au plus vite la confiance des actionnaires. Dans cette optique, il compte lancer une opération visant à renforcer les fonds propres du Credit Suisse à hauteur de 1,7 milliard d’euros.
Thomas Gottstein entend aussi lancer des enquêtes pour disséquer les affaires Archegos et Greensill. Le patron du Credit Suisse souhaite également réduire les activités de « prime brokerage » du groupe zurichois, qui va ainsi baisser considérablement les prêts accordés aux hedge funds. Thomas Gottsein a indiqué quant à ces mesures potentielles :
Nous passons tout cela en revue avec notre conseil pour tirer les bonnes leçons.
Thomas Gottsein
À la demande des actionnaires, des têtes sont aussi tombées. Les patrons de gestion d’actifs, de la banque d’investissement, de la gestion des risques et de la « prime brokerage » ont ainsi été remerciés.
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Un changement de modèle
Les experts financiers s’étonnent de l’implication du Credit Suisse dans l’affaire Archegos, car traditionnellement les banques helvétiques ont un modèle très puissant dans leur activité traditionnelle d’exécution et de prime brokerage avec les gestionnaires d’actifs. Mais force est de constater qu’elles ont changé de modèle et se sont orientées vers les hedge funds. À Élie Farah, une experte financière, d’alerter :
Mais lorsqu'on est sur ce type d'investisseurs, c'est une autre paire de manches, il faut être beaucoup plus vigilant en matière de risque.
Élie Farah
Un conseil d’autant plus valable s’agissant d’Archegos, dont le statut de « family office » ne l’oblige pas à déclarer ses expositions aux banques qui lui auraient accordé un prêt.
Mais le mal est fait et le Credit Suisse ne peut plus revenir en arrière. L’objectif est maintenant de mettre en place la stratégie adéquate pour se sortir de cette galère. Selon une source en interne, la direction de la banque helvétique envisagerait de réduire ses activités de marché, bien que ce soit un secteur lucratif, afin de se concentrer sur la gestion de fortune.