Nickel a démontré la force de son modèle atypique depuis le début de la crise sanitaire
Face à leurs concurrentes dématérialisées, les banques traditionnelles s’efforcent de mettre en valeur les atouts de leur réseau physique et des conseillers humains. Les enseignes digitales, de leur côté, continuent de miser sur le numérique et l’automatisation. Pour sa part, Nickel réunit toutes les caractéristiques d’une néobanque tout en disposant d’un réseau de distribution physique : les bureaux de tabac.
Les particuliers comme les spécialistes confrontent souvent Nickel avec les enseignes telles que Revolut, N26 ou encore Monzo lorsqu’ils réalisent une comparaison néobanque. Selon sa directrice déléguée, Marie Degrand-Guillaud, l’établissement se positionne effectivement au sein de cet écosystème, dans la mesure où il vise la rupture à travers la technologie.
Toutefois, Nickel se démarque par son réseau de buralistes partenaires. Ces points de vente atypiques incarnent d’ailleurs l’originalité de son approche des services bancaires et des systèmes de paiement. En effet, cet acteur ambitionne de révolutionner l’univers de la banque en priorisant la simplicité et la proximité. La formule a fait ses preuves pendant la crise sanitaire.
Un modèle économique fiable
Au-delà de son système de distribution, Nickel se distingue des banques en ligne et des néobanques par la rentabilité de son modèle. En effet, la plupart des acteurs dématérialisés ne sont pas encore rentables. Ainsi, ils dépendent souvent de capitaux extérieurs, venant notamment de levées de fonds.
Cette différence repose essentiellement sur leur stratégie de tarification. De nombreuses banques digitales ont décidé d’adopter le modèle freemium, notamment pour marquer la rupture avec les établissements traditionnels. Nickel, de son côté, a préféré facturer ses services.
Pour un tarif annuel de 20 euros, les consommateurs peuvent ouvrir un compte en 5 minutes auprès des buralistes partenaires et bénéficier des différentes prestations associées (carte bancaire, RIB, paiements en devises, etc.). De plus, la plupart des opérations sont payantes. Tel est notamment le cas des retraits de liquide à un distributeur automatique ou dans un bureau de tabac.
Cette politique tarifaire a permis à la banque de dépasser son seuil de rentabilité depuis 2018. Cette année-là, elle a engrangé un bénéfice se chiffrant à 1 million d’euros. Selon les estimations de sa directrice déléguée, l’enseigne pourrait bien multiplier ce montant par cinq avant la fin 2020. D’ailleurs, la période post-confinement semble particulièrement favorable à Nickel.
Une formule originale et résiliente
L’économie française a été fortement ébranlée par la crise sans précédent provoquée par la pandémie de Covid-19. Dans ce contexte, de nombreuses entreprises ont rencontré de grandes difficultés. Certaines ont même été obligées de mettre fin à une partie de leur activité. C’est notamment le cas de Carrefour Banque, avec son offre C-zam qui disparaîtra au 15 juillet prochain.
Face à cette cessation d’activité programmée, de nombreux clients de la banque ont opté directement pour les services de Nickel. Il s’agit d’une opportunité unique pour cet établissement qui a enchaîné les records depuis le début du déconfinement.
Comme tous les autres acteurs du secteur, Nickel a constaté un ralentissement significatif de son activité durant le confinement. Ce phénomène s’explique par la chute de la consommation sur cette période.
Ainsi, le rythme d’ouvertures de compte a baissé de 50 %, en passant de 30 000 à 15 000 par mois. Les paiements ont également suivi cette tendance, avec 25 % d’opérations en moins.
Cependant, contrairement à la concurrence, le recul est modéré chez Nickel en raison des spécificités de sa formule phygitale. De plus, les bureaux de tabac sont considérés comme des services essentiels, au même titre que les agences bancaires. Ils ont donc pu rester ouverts et distribuer les produits de l’enseigne pendant le confinement.