La technologie européenne attire de plus en plus les fonds d’investissements américains et asiatiques
En 2019, les entreprises technologiques européennes ont constaté une augmentation significative du volume de capitaux apportés par les investisseurs venant des États-Unis et d’Asie. Selon les analystes, il ne s’agit pas seulement d’une mesure de précaution face à la guerre commerciale sino-américaine. Ces fonds étrangers croient réellement au potentiel technologique des start-up européennes.
Depuis le début de l’année, plus de 20 % des fonds dédiés au financement des entreprises européennes en plein démarrage ont impliqué la participation d’investisseurs américains ou asiatiques. Ces investissements étrangers ne représentaient pourtant que 10 % des apports en capitaux destinés aux start-up en 2015.
Ces chiffres ont été récemment révélés dans le rapport annuel d’Atomico portant sur l'état global de la technologie en Europe. La société de capital-risque a également apporté son expertise pour analyser cette tendance.
D’après le responsable de la recherche et partenaire de l’entreprise, Tom Wehmeier, les investisseurs asiatiques et nord-américains choisissent de miser sur les jeunes pousses européennes en raison de leur grand potentiel.
Une confiance grandissante
En mai 2019, Amazon a aidé le service de livraison de plats à domicile Deliveroo à finaliser une levée de fonds de 575 millions de dollars. Ce tour de table a également été réalisé en partenariat avec plusieurs investisseurs américains comme T. Rowe Price, Greenoaks et Fidelity Investments.
De son côté, le japonais SoftBank a misé sur des Fintech européennes cette année. La société possède actuellement le plus important fonds d'investissement technologique à l’échelle mondiale. Elle a notamment levé 440 millions de dollars auprès de la banque britannique OakNorth en février 2019. Et en avril dernier, l’investisseur nippon a participé à un tour de table d’un milliard de dollars pour la Wirecard de Munich.
D’après le rapport d’Atomico, le secteur technologique en Europe a discrètement gagné en notoriété à l’étranger. Ainsi, les fonds américains restent plus longtemps sur le continent.
De plus, un cinquième des levées de fonds effectuées cette année compte au moins un participant asiatique ou américain. Leur nombre tend par ailleurs à augmenter proportionnellement à l’importance de la transaction.
Selon l’analyse d’Atomico :
« Les sociétés de capital-risque (européennes) signalent un intérêt croissant de la part des sociétés mondiales (commanditaires), alors que les investisseurs institutionnels européens jusque-là non convaincus sont désormais pleinement impliqués ».
Autrement dit, les fonds d’investissement locaux et étrangers sont désormais conscients du potentiel des jeunes pousses européennes. Ces dernières bénéficient ainsi d’un soutien financier important pour accélérer leur développement.
Comme le souligne la société de capital-risque :
« Nous observons également des valorisations et des cahiers de charges préventifs en augmentation en Europe – toujours un signe que la concurrence pour investir dans les meilleures entreprises de technologie s'accélère, ainsi qu'une réflexion sur la qualité de l'opportunité ».
De jeunes entreprises prometteuses
En juin dernier, Y Combinator a dirigé une levée de fonds d’un montant de 145 millions de dollars au profit de la banque mobile Monzo. L’investisseur californien est notamment reconnu pour sa participation au démarrage de Dropbox et d’Airbnb.
Au cours de cette année, les investissements étrangers dans les jeunes pousses européennes spécialisées dans les technologies de pointe ont fortement augmenté, selon le rapport d’Atomico. Ils sont estimés à plus de 34 milliards de dollars, soit une progression de 40 % par rapport à 2018.
En parallèle, les États-Unis et l’Asie enregistrent une réduction des capitaux investis dans leurs start-up respectives. Les investisseurs provenant de ces régions semblent privilégier l’Europe ces dernières années. Comme le souligne Tom Wehmeier d’Atomico :
« Ils ne déploieraient pas de capitaux s'ils ne pensaient pas que les investissements pourraient générer des rendements équivalents et supérieurs à ceux qu'ils peuvent générer chez eux ».
Tom Wehmeier.
Ainsi, l’écart commence à se réduire par rapport à l’investissement dans les start-up américaines ou asiatiques. Cependant, les placements dans leurs entreprises en phase de démarrage continuent de dépasser ceux effectués en Europe.
Néanmoins, selon l’analyste :
« Certains des investisseurs qui s’engagent maintenant pour l’Europe ont été les meilleurs au monde à générer des revenus issus de la technologie. Ils savent ce qui fait une formule gagnante ».
Tom Wehmeier.
Depuis janvier dernier, les fonds américains ont injecté environ 10 milliards de dollars dans les jeunes entreprises européennes, contre 5,8 milliards l’année dernière. Les fonds asiatiques, quant à eux, ont promis d’investir 4 milliards cette année, contre environ 1,7 milliard en 2018.
Toutefois, la distribution de ces capitaux n’est pas vraiment paritaire. En effet, 92 % des investissements ont été attribués à des start-up composées essentiellement d'équipes intégralement masculines.