Le marché britannique post-Brexit devient moins attractif pour les néobanques étrangères
La néobanque allemande N26 a récemment annoncé qu’elle allait quitter le marché britannique. Les experts hésitent encore à trancher si le Brexit est à l’origine de cette décision ou a seulement accéléré le processus. Il faut savoir que les activités de la Fintech au Royaume-Uni se sont révélées peu rentables.
L’an dernier, N26 a réalisé deux levées de fonds. La première a été finalisée au mois de janvier 2019 et a permis de récolter 300 millions de dollars. Quant à la seconde, elle a été réalisée en juillet dernier et s’est élevée à 170 millions de dollars. Depuis 2013, la néobanque a donc réussi à lever 683 millions de dollars en tout.
Insight Venture Partners, Tencent, GIC et Allianz sont ses principaux investisseurs historiques. La banque mobile est désormais valorisée à 3,5 milliards de dollars, la plaçant dans le top 10 des Fintech à l’échelle mondiale. Elle est aussi l’une des jeunes pousses les mieux valorisées sur le marché européen.
Un départ pour des régions plus prometteuses
Les banques disposant d’un passeport européen ont, en principe, le droit d’exercer cette activité dans toute l’UE. Toutefois, l’agrément fourni par le régulateur européen n’est plus valide au Royaume-Uni depuis le Brexit.
Ainsi, outre sa licence délivrée par la BaFin, N26 devra en demander une auprès de la FCA (Financial Conduct Authority) pour pouvoir proposer ses services dans le pays. Il est également possible d’établir un partenariat avec une banque locale disposant d’un agrément FCA.
Quoi qu’il en soit, la néobanque allemande considère que le marché britannique est désormais moins attractif. De plus, elle refuse d’être obligée de modifier ses produits, juste pour s’adapter à la réglementation de ce pays.
La banque mobile préfère donc abandonner ce territoire au profit de zones accessibles avec sa licence allemande et de marchés à fort potentiel de croissance. Autrement dit, N26 va quitter le Royaume-Uni au plus vite pour renforcer son expansion au sein de l’UE et vers de nouveaux marchés tels que les États-Unis ou le Brésil. Elle pourra ainsi améliorer ses produits destinés aux utilisateurs à l’international.
Selon la Fintech allemande, les États-Unis font actuellement partie des marchés les plus intéressants au niveau international. Elle a d’ailleurs réussi à séduire 250 000 utilisateurs dans le pays en seulement six mois grâce à son partenariat avec Axos Bank.
Pour l’instant, la néobanque ne propose ni prêt ni carte de crédit sur le marché américain. Elle mise principalement sur son offre de cartes de débit. Pour satisfaire les consommateurs locaux, N26 envisage d’y affecter les 80 employés anciennement dédiés au marché britannique, répartis entre Londres et Berlin. Il s’agit aussi d’une manière de renforcer le déploiement des équipes à l’international.
Une cessation d’activités qui survient au moment idéal ?
Présente au Royaume-Uni depuis 2018, N26 procédera à la fermeture de tous les comptes de ses clients britanniques à partir de la mi-avril 2020. Avant l’échéance fixée, les comptes des utilisateurs fonctionneront encore normalement, que ce soit pour les prélèvements automatiques ou les paiements par carte. Toutefois, après le 15 avril, ils ne pourront plus effectuer ces opérations.
La néobanque émettra officiellement un avis de résiliation pour inviter les propriétaires de compte N26 à récupérer leurs fonds. Au-delà des délais fixés, il sera toujours possible de recouvrer l’argent confié à la banque mobile. Cependant, dans ce cas, la procédure risque d’être plus compliquée et longue.
Mieux vaut donc récupérer son capital dans les délais impartis.
Ce départ vient mettre un terme à l’aventure peu concluante de la banque allemande au Royaume-Uni. En effet, elle a seulement réussi à séduire 200 000 utilisateurs dans le pays en deux ans. En guise de comparaison, la néobanque revendique plus d’un million de clients dans l’Hexagone et en recense 5 millions dans le monde entier.
N26 ambitionne à terme de rassembler 100 millions d’utilisateurs actifs. Cela dit, ses quelques milliers de clients au Royaume-Uni ne permettront pas de couvrir le coût d’une licence FCA. De plus, ce marché est très concurrentiel avec des acteurs comme Monzo et Revolut (3 millions d’utilisateurs chacun), Starling Bank (1 million de clients), etc. L’an dernier, N26 était la 19ème application bancaire mobile du pays, loin derrière Monzo (3ème) ou encore Revolut (5ème).
