Monzo pourra-t-elle survivre aux effets dévastateurs de la crise sanitaire ?
En décembre dernier, la néobanque australienne Xinja a déposé le bilan à cause de la pandémie de Covid-19. Cette faillite vient essentiellement du modèle économique de l’entreprise. En effet, elle dépendait trop des transactions par carte dans un contexte peu propice à la consommation. Selon les analystes, Monzo risque de subir le même sort, si elle ne réagit pas rapidement.
L’enseigne britannique Monzo revendique actuellement 5 millions d’utilisateurs dans le monde. Elle fait ainsi partie des acteurs incontournables lors d’un comparatif néobanque. Ces chiffres sont particulièrement prometteurs pour une entreprise misant sur le volume pour rentabiliser son activité. En effet, la banque se rémunère principalement à travers l’usage de ses cartes et les opérations de ses clients.
Toutefois, la crise sanitaire a récemment démontré la non-viabilité de ce modèle en cas de baisse durable de la consommation. La base clients de l’établissement est par ailleurs insuffisante pour améliorer sa situation financière post-Covid. Sans changement de stratégie, les spécialistes redoutent ainsi la disparition de la néobanque britannique.
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Une structure encore fragile
À la base, le déficit au démarrage fait partie intégrante du modèle économique de néobanques. Ces acteurs priorisent en effet la conquête client pour multiplier les nouveaux comptes et devenir rentables sur le long terme. Les formules payantes restent, en revanche, secondaires comme en témoignent les quelque 50 000 souscripteurs de Monzo Business.
Ainsi, l’entreprise britannique n’a pas encore réussi à atteindre son seuil de rentabilité à l’image de la plupart des néobanques. Elle est même largement déficitaire, selon les dernières données publiées en juillet dernier. D’après ce bilan, l’établissement a engrangé 67,2 millions de livres sterling en 2019. Or, la banque a perdu 113,8 millions de livres sur cette même période.
Ces chiffres ont conduit le cabinet d’audit EY à émettre de sérieux doutes concernant la pérennité de l’entreprise. Selon les experts, le groupe britannique risque de ne pas être capable de poursuivre un projet impliquant autant de pertes. Il s’agit pourtant d’une analyse réalisée bien avant la crise sanitaire de 2020. Les effets de la pandémie pourraient donc compromettre l’avenir de la néobanque britannique Monzo.
Une mutation indispensable en période de crise
Le marché des néobanques est très concurrentiel au Royaume-Uni. Outre Monzo, le pays abrite de grandes enseignes telles que Revolut ou encore Starling Bank. Ces acteurs partageaient au départ le même modèle privilégiant la gratuité des offres et la rémunération par transactions. La crise sanitaire a toutefois nécessité des prises de décision radicales pour pouvoir survivre.
À son lancement, Revolut a basé sa stratégie sur la conquête client et les formules gratuites. La banque comptait ainsi atteindre la rentabilité en séduisant plusieurs millions d’utilisateurs en Europe, voire dans le monde. Depuis la pandémie de Covid-19, elle a réajusté son positionnement en misant sur l’offre premium et les services potentiellement rémunérateurs.
Starling Bank a également eu un réflexe similaire face à la crise actuelle. La néobanque a renforcé la promotion de ses formules payantes et de ses contrats de prêts. Ces derniers ont d’ailleurs été très bien reçus par la clientèle. Ainsi, l’entreprise est désormais très proche de la rentabilité, selon les observateurs. Monzo, de son côté, n’a toujours pas modifié son modèle d’origine.