L’épidémie de Covid-19 met à l’épreuve les plans de gestion de crise des banques marocaines
En raison du caractère vital de leur activité, les banques disposent généralement d’un plan de continuité d’activité (PCA). Il s’agit d’un ensemble de procédures à suivre en cas de crise. L’efficacité du système repose sur la capacité à anticiper et à reconnaître les différents scénarios possibles. Au Maroc, le dispositif a été déployé dès les premiers signes de pandémie.
Durant le confinement, les banques marocaines ont incité les consommateurs à privilégier leurs services à distance pour la création et la gestion de compte en ligne, le paiement des factures, etc. Cette recommandation présuppose toutefois une préparation en amont sur le plan organisationnel et logistique. Les acteurs du secteur ont néanmoins été capables de relever le défi.
Ainsi, 80 % des opérations bancaires chez CIH Bank ont été réalisées via ces canaux digitaux depuis le début de l’épidémie. La banque se félicite ainsi des investissements réalisés dans le domaine ces dernières années. Cette expérience inédite se révèle par ailleurs déterminante pour la stratégie et l’organisation de l’établissement à l’avenir.
Des acteurs proactifs
Depuis quelques années, les banques marocaines ont été soumises à des contrôles stricts et à différents tests de résilience. Ainsi, elles disposent actuellement de plus de liquidités et de fonds propres qu’auparavant. Ces facteurs permettent de renforcer leur résilience.
Bank Al-Maghrib s’est par ailleurs engagée à fournir son soutien inconditionnel et à procéder à des apports massifs de liquidités pour aider les acteurs du secteur durant la crise. Les établissements bancaires ne devraient donc pas connaître de tensions majeures sur les liquidités.
Toutefois, les banques risquent d’être fortement affectées par le ralentissement significatif de l’économie marocaine. De plus, les retombées de la pandémie s’annoncent plus graves que toutes les prévisions réalisées jusqu’à présent. Dans ce contexte, l’intervention de la Banque centrale sera décisive dans la régulation des marchés financiers et de la stabilisation de l’écosystème national.
Au-delà des risques en matière de liquidités, l’enjeu relève de la solvabilité des acteurs du secteur, surtout dans un contexte économique particulièrement défavorable. Il faudra donc une politique budgétaire adaptée pour limiter les effets de la pandémie sur tous les secteurs d’activité dans le pays.
Néanmoins, la gestion de crise s’annonce prometteuse grâce à la proactivité de la Banque centrale, des établissements bancaires, de la Caisse centrale de garantie (CCG) et du Conseil de veille économique. Ensemble, ces différents acteurs ont prévu plusieurs leviers pour soutenir les particuliers et les entreprises en cette période de crise.
Des leviers efficaces
Les dispositifs Damane (Relance et Oxygène) et les reports d’échéances font partie des leviers développés par les principaux acteurs du secteur économique marocain face aux conséquences de la pandémie de Covid-19. Le produit Damane Oxygène a notamment été déployé en mars dernier. Il vise à atténuer l’impact de la crise sanitaire sur les entreprises marocaines.
Selon le ministère des Finances, cette garantie exceptionnelle a permis de couvrir 9,5 milliards de dirhams de prêts en seulement six semaines et demie. Elle a été attribuée à 85 % des TPE avec un chiffre d’affaires de moins de 10 millions de dirhams.
Pour renforcer l’efficacité du dispositif, certains établissements comme CIH Bank ont mené des campagnes spécifiques et particulièrement agressives pour inciter les entreprises à recourir à cette aide. À travers cette démarche, la banque a réussi à convaincre des centaines d’opérateurs économiques.
Du côté des particuliers, les banques sont conscientes des effets de la pandémie sur les revenus des ménages marocains, surtout durant le confinement. Ainsi, de nombreux détenteurs de crédit risquent de rencontrer des difficultés dans le paiement de leurs mensualités.
Pour soulager sa clientèle, CIH Bank a décidé de reporter systématiquement les échéances de mars à juin pour les souscripteurs de prêts Fogarim. Cette formule a été développée pour les personnes avec des revenus irréguliers et modestes. En tout, la banque a accordé gratuitement 65 000 reports sans pénalités de retard.