La Fintech allemande Wirecard ouvre une procédure de dépôt de bilan suite à un scandale financier
Créée en 1999, la Fintech Wirecard est spécialisée dans la gestion de paiements électroniques pour les particuliers et les entreprises. Elle fait ainsi partie des principales concurrentes de sociétés telles que PayPal ou encore Ingenico. Ces dernières années, l’établissement a été accusé de malversations et de fraudes. Ces allégations se sont finalement avérées et l’ont obligé à déposer le bilan.
Acteur majeur du secteur du paiement, Wirecard permettait jusqu’à présent aux utilisateurs d’Orange Bank d’accéder à Apple Pay et Google Pay. L’opérateur de télécommunications envisageait depuis plusieurs mois de mettre un terme à ce partenariat dans le cadre de la refonte de ses services. Ainsi, le dépôt de bilan de l’entreprise munichoise ne change rien au projet du groupe français.
Orange prévoyait de rompre sa collaboration avec Wirecard en août prochain. Ce calendrier sera maintenu comme l’a récemment indiqué le directeur général de la banque digitale de l’opérateur. Au total, la Fintech allemande laisse derrière elle une dette estimée à 3,5 milliards d'euros, selon les spécialistes.
Une faillite historique au sein du DAX
L’an dernier, le Financial Times avait publié plusieurs articles rapportant de possibles fraudes comptables et malversations financières à Singapour de la part d’employés de Wirecard. Le journal s’est notamment basé sur l’enquête d’un cabinet juridique, suite à des accusations portées par une source anonyme.
Plus récemment, un trou de 1,9 milliard d’euros a été découvert dans les comptes du groupe, soit près d’un quart de son bilan. Ce scandale est survenu à peine 2 ans après son introduction à la Bourse de Francfort. En effet, l’entreprise a rejoint le DAX en septembre 2018. Elle devient ainsi la première enseigne cotée sur cet indice prestigieux à déposer le bilan.
Avant cette affaire, la capitalisation de la Fintech munichoise s’élevait à 28 milliards de dollars. Elle compte par ailleurs près de 5 800 collaborateurs répartis dans 26 pays différents. L’ampleur de ce scandale financier est similaire au cas d’Enron comme l’indiquent les experts. Pour rappel, ce spécialiste du courtage en énergie a fait faillite en 2001 après la découverte de manipulations financières et de fraudes comptables.
Une enquête en cours
À cause de plusieurs anomalies, les auditeurs du cabinet Ernst & Young ont récemment refusé de certifier les comptes de Wirecard pour l’année dernière. Cette révélation a immédiatement provoqué une chute de 97 % de la capitalisation du groupe allemand à la Bourse.
L’affaire a par ailleurs entraîné la démission du président du directoire de la Fintech, Markus Braun, qui occupait ce poste depuis 2002. Le dirigeant est notamment soupçonné d’avoir falsifié le bilan de l’entreprise pour attirer les investisseurs et les consommateurs. La justice allemande lui a accordé une liberté conditionnelle après le versement de 5 millions d’euros de caution.
Les mêmes soupçons pèsent sur l’ancien directeur général adjoint, Jan Marsalek. L’homme d’affaires serait actuellement aux Philippines, selon des sources proches du dossier. Quoi qu’il en soit, les services du procureur ont mené une perquisition dans les bureaux du groupe sis à Munich le 5 juin dernier.
À travers un communiqué récent, la société a annoncé le lancement d’une procédure de dépôt de bilan pour des raisons de surendettement et d’insolvabilité imminente. Elle envisage d’entamer la même démarche pour ses différentes filiales dans le monde.
