Le changement de banque a-t-il eu des impacts comme le prévoyait la loi Macron ?
Depuis l’année dernière, les Français peuvent désormais changer de banque comme ils le souhaitent. Tout cela, grâce à la législation qui est maintenant de leur côté. Cette dernière prévoit de simplifier toutes les démarches permettant d’y parvenir dans les plus brefs délais. Seulement, les changements bancaires jouent la carte de la discrétion jusqu’à maintenant.
Depuis la date du 6 février 2017, les demandes de changement de banque ont dépassé le seuil de 1 million. La raison est simple, les clients peuvent changer d’établissement bancaire sans trop de difficulté. Il suffit de signer un simple mandat et d’ajouter un RIB et c’est fait.
C’est la nouvelle agence qui se charge de tout ce qui concerne le transfert en prenant contact avec l’ancienne institution. Une démarche qu’elle est obligée d’entamer gratuitement. Tout cela est possible grâce à la loi Macron. Une législation félicitée par les différents acteurs du secteur financier, mais qui jusqu’ici, avance au ralenti.
Pourquoi l’impact de la loi Macron est-il au ralenti ?
En instaurant la loi Macron, l’État prévoyait des changements bancaires importants. Mais il faut croire que ce projet a surpris certains acteurs. D’après le directeur de Fortuneo en France, le problème serait d’ordre technique :
Toutes les banques n’étaient pas prêtes le 6 février 2017, trois ou quatre en particulier, il a fallu environ six mois pour que ce soit fluide. Mais ce n’était pas volontaire, plutôt lié à une complexité informatique.
C’est aussi l’avis de Benoît Grisoni (directeur général Boursorama Banque) qui avance que :
Techniquement, il s’agissait d’un vrai challenge dans les délais prévus par la loi, mais le dispositif fonctionne très bien aujourd’hui.
Benoît Grisoni.
L’étendue de cette loi aussi joue un rôle important à l’avancement de cette décision. Il faut se rappeler que ce dispositif concerne uniquement les comptes de dépôt à vue classiques. À l’exception des PEL et CEL, les comptes, les livrets d’épargne, l’assurance-vie ou les emprunts ne figurent pas dans la liste. D’ailleurs, le dirigeant d’ING Direct pense que :
La loi Macron est sans doute en deçà de son potentiel : on pourrait notamment étendre le dispositif de mobilité à l’ensemble des produits d’épargne.
Chez Fortuneo, Grégory Guermonprez est même allé jusqu’à dire qu’ :
Il faudrait passer à la loi Macron 2, à une deuxième étape. Qu’il serait opportun d’élargir la mobilité aux livrets d’épargne notamment, puis aux placements de long terme comme les placements en Bourse et l’assurance vie.
Grégory Guermonprez.
BNP Paribas, voit également les choses de cette manière :
La loi ne concerne que le compte courant : il faudra bouger sur le reste aussi. C’est une tendance, le pourcentage de clients ouvrant de nouveaux comptes augmente. Je pense que les groupes bancaires, qui ont une offre très large, seront gagnants.
BNP Paribas.
Acteurs financiers et population cible, conquis ?
Pour tout dire, ce sont les banques de nouvelle génération qui trouvent leurs comptes grâce à cette loi sur la mobilité bancaire. C’est bien le cas pour la banque en ligne Crédit Mutuel Arkéa qui avance que 80% de ses nouveaux clients sont passés par cette étape pour ouvrir un compte auprès d’elle.
Pour ING Direct, une hausse annuelle de 5% a été répertoriée depuis l’instauration de ce dispositif. 6% pour BNP Paribas et 7% pour Boursorama Banque, la filiale de Société Générale.
En ce qui concerne la population cible, il faut croire qu’elle a besoin d’un peu plus de temps pour s’adapter à cette nouvelle situation.
D’après l’observation de Thierry Laborde, la clientèle est encore un peu méfiante :
Les gens clôturent peu leurs comptes, ils le gardent en se disant “on ne sait jamais !” Il n’y a pas davantage de transferts avec fermeture de compte qu’avant, il y a eu plutôt des flux rapatriés. Ceci s’explique aussi parce que les néobanques ont une proposition de valeur moins large que les groupes bancaires.
Thierry Laborde.
Il y a aussi Benoît Grisoni qui trouve que :
La mobilité bancaire est un processus mûrement réfléchi par les Français, qui, pour rappel, détiennent le record d’ancienneté en Europe, 20 ans en moyenne. Ils ne se lèvent pas le matin en se disant « aujourd’hui, je change de banque.
Benoît Grisoni.