Quand les taux d’intérêt mettent la BoE à rude épreuve
La situation économique est quelque peu instable de l’autre côté de la Manche, depuis la victoire du « Oui » au référendum du Brexit. Tous les indicateurs sont dans le rouge, malgré certaines embellies intempestives. Qu’à cela ne tienne, les investisseurs ont les yeux rivés sur la BoE, dans l’attente d’une nouvelle remontée des taux d’intérêts.
Dans les prochains jours, la Banque d'Angleterre (BoE) doit procéder à une grande concession : maintenir ses taux d'intérêt, du moins jusqu’à la fin du mois de mai 2018. Elle aura surtout fort à faire pour convaincre les investisseurs de l’utilité d'un resserrement d’ici la fin de l’année.
Ceux-ci ont d’ailleurs du mal à dissimuler leur scepticisme sur le sujet, malgré la récente remontée de la livre sterling de 0,30%, à 1,1453 euro. En effet, les autres indicateurs économiques sont dans le rouge. Pour ne rien arranger, les derniers propos du gouverneur Mark Carney, connus pour ses multiples voltefaces, ont de quoi doucher tous les espoirs.
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La BoE dos au mur
Le premier trimestre 2018 a connu une infime croissance de seulement 0,1%, alors que les prévisions l’ont estimé à 0,3%. En mars, les ventes au détail ont régressé de 1,2% par rapport à février. De plus, le ralentissement de l'inflation persiste. Il est de l’ordre de 2,3% en données « core ».
En réalité, l’économie britannique se trouve actuellement en pleine incertitude, notamment plombée par les modalités du Brexit. Celles-ci sont d’ailleurs de nature à affecter le pouvoir d'achat des consommateurs, tout en freinant l’enthousiasme des investisseurs.
Si des perturbations atmosphériques, tels que la neige, ont occasionné quelques agitations au sein de l’activité économique des pays européens en mars dernier, le plus faible niveau de croissance de la Grande-Bretagne a marqué les trois premiers mois de l’année.
Commerzbank voit surtout d’un mauvais œil le revirement de la Banque d'Angleterre. L'analyste ne lui accorde plus que peu de crédit :
C'est une tâche herculéenne qui attend la BoE pour faire comprendre de manière crédible au marché quand elle compte procéder à la hausse de taux annoncée, en juillet ou en août comme nous le prévoyons.
Un petit retour en arrière
En novembre 2017, la BoE a revu ses taux d'intérêt à la hausse. Une grande première durant les 10 dernières années, ce qui a suscité en elle un semblant d’enthousiasme. En effet, sur le coup, elle tablait sur une nouvelle remontée, pas plus tard qu’en février 2018. De nombreux acteurs de la finance et certains analystes y ont cru.
Pour preuve, la dernière réunion de mars a vu deux membres du comité de politique monétaire voter pour un relèvement des taux. De leur côté, les investisseurs étaient aussi persuadés que la BoE rehausserait le coût du crédit, ce qui aurait donné lieu à une mobilité bancaire, évènement susceptible de redynamiser le secteur.