Les logiques nationales freinent l’union bancaire à l’échelle européenne
Entre les différentes banques européennes, l’idée d’une union bancaire figure à l’ordre du jour ; l’objectif étant d’assurer la fiabilité du secteur au sein de la zone euro. Seulement, converger vers des méthodes communes en matière de supervision bancaire entre les pays membres de l’Union européenne présente des limites. C’est ce que révèle l'Autorité bancaire européenne.
L’union bancaire, qui vise à solutionner efficacement les problèmes financiers auxquels sont confrontés les établissements bancaires, porte-t-elle ses fruits ? Société Générale (à travers son directeur général délégué) a révélé, lors d’une conférence, ne pas en constater les effets, après avoir déboursé une somme importante au Fonds de résolution unique (FRU).
Par l’intermédiaire de sa directrice générale, Marie-Anne Barbat Layani, la Fédération bancaire française (FBF) énonce justement que les organes de contrôle peinent à s’accorder une confiance mutuelle. Elle ne manque de signaler, lors d’une conférence organisée par TNP, que le secteur subit une fragmentation malgré l’union bancaire.
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Un secteur bancaire fragmenté
Nombreux sont les impacts du Brexit sur le secteur bancaire européen. Dans un premier temps, les premières places financières vont s’arracher les services financiers de la City qui feront l’objet d’une relocalisation dans la zone euro. Dans un second temps, les pays européens sont supposés limiter les retombées d’un tel retrait, en mettant en place, à l’échelle nationale, les mesures nécessaires.
Par ailleurs, quelques petites enseignes, notamment d’origine italienne, autrichienne et allemande, ne sont pas concernées par la nouvelle directive, dans un souci de proportionnalité. C’est ce qu’a relaté l’organe français de surveillance bancaire en janvier dernier.
Ainsi, un régime moins contraignant leur est proposé. Une source française spécialisée dans le secteur mentionne clairement à qui profite le nouveau cadre prudentiel.
La réglementation bancaire européenne CRR2 a marqué une victoire des pays « hôte » - c'est-à-dire accueillant des filiales de banques étrangères - sur les pays « home » - c'est-à-dire où siègent de grandes banques souhaitant opérer à l'étranger.
Gérer une crise bancaire par ses propres moyens
Pour les différents pays, tout ce qui a trait au secteur bancaire touche à la souveraineté nationale. C’est la raison pour laquelle le projet d’union bancaire lancé au niveau européen ne produit pas les effets escomptés. C’est d’ailleurs ce qu’illustre l’éventuel rapprochement de Commerzbank et l’établissement bancaire allemand le plus important.
Cette initiative d’envergure nationale consiste, en effet, à éviter la liquidation de Deutsche Bank. Si les Allemands n’auront peut-être plus à se demander comment changer de banque, les Européens n’auront pas l’opportunité de voir naître des enseignes, comme l’aurait engendré le système de contrôle instauré au niveau de l'Union européenne.
Afin d’affronter une éventuelle crise bancaire, les pouvoirs publics de chaque pays imposent aux établissements bancaires de disposer des fonds nécessaires. Chaque État en évalue le montant, de manière à ce que l’issue de la crise relève de leur propre ressort.
Si ces mesures constituent une sorte de barrière à l’entrée pour les établissements qui souhaitent s’immiscer sur le marché, elles démontrent surtout la volonté des États de conserver leurs privilèges.