Bouclier sur les tarifs bancaires : un “effort” des banques insuffisant face à l’inflation ?
Face à la baisse du pouvoir d’achat des Français, l’exécutif demandait dès cet été aux établissements bancaires de réduire leurs tarifs. Après des discussions avec les différents acteurs du secteur, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé ce mardi la mise en place d’un bouclier tarifaire limitant la hausse à 2% en 2023.
Bonne nouvelle pour le porte-monnaie des Français. Après un bouclier tarifaire sur l’énergie pour limiter la flambée des prix du gaz et de l’électricité, il a été décidé à l'issue d'une réunion avec les responsables du secteur de mettre en place un bouclier sur les tarifs bancaires.
« Toutes les banques ont pris l'engagement de ne pas augmenter leurs tarifs bancaires de plus de 2% sur l'année 2023 », a déclaré le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, lors d'une conférence de presse ce mardi. Quand l'inflation sur un an pourrait dépasser les 6% fin 2022, cette mesure suffit-elle ?
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Une mesure à éclaircir
Si pour le moment les contours de ce bouclier restent flous, il y a fort à parier que les banques appliqueront la limite de 2% de hausse, ligne tarifaire par ligne tarifaire, uniquement sur les services les plus fréquemment utilisés.
Le second geste symbolique des banques concerne les clients financièrement fragilisés. Il s’agit là de ceux enchaînant les incidents de paiement. La banque a l’obligation de les détecter et de leur proposer une offre bancaire spécifique à un prix avantageux, pour ne pas aggraver leur situation avec des frais bancaires. L'offre est en revanche très restreinte et comprend simplement les services de base (tenue de compte, carte bancaire à autorisation systématique, quelques virements et chèques de banque...).
Jusqu’ici le prix était de 3 euros par mois. Il va être réduit à 1 euro maximum en 2023. Ce qui permettra de bénéficier d’une économie potentielle de 24 euros à l’année. Or, sur les 4,1 millions de clients fragiles détectés fin 2021, seuls 690 000 avaient accepté cette offre. Résultat, cette mesure ne devrait pas coûter très cher aux banques.
D’autre part, si la facturation des incidents de paiement pèse lourd sur le budget des ménages, rien ne semble prévu pour les limiter.
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6 euros d’économies en moyenne à l’année seulement
Selon Laurent Mignon, le président du directoire du Groupe BPCE, la hausse généralisée des prix impacte non seulement les ménages, mais également les banques. Ce qui explique pourquoi un gel pur et simple de leurs tarifs, comme en 2019 suite à la crise des Gilets jaunes, n’a pas été accepté. Pourtant, ces dernières ont enregistré des profits historiquement hauts sur les 3 derniers semestres et ont même généré plus de 30 milliards d'euros de bénéfice net en 2021.
Selon les données de l'Observatoire des tarifs bancaires du Comité consultatif du secteur financier (CCSF), en 2022, l'inflation sur 7 des principales lignes tarifaires se situait entre 0,8% et 2,27% , et le prix de 6 autres n'a pas bougé. Avec un bouclier qui limite la hausse à 2%, plutôt que 6% calqué sur l’inflation, le gain annuel pour 2023 devrait être de seulement 6 euros en moyenne pour les clients des banques, d’après les calculs de MoneyVox.