La France gagnerait-elle à sortir de la zone euro ?
Le retour au franc est devenu un sujet qui alimente la quasi-totalité des débats dans les médias, surtout depuis les campagnes électorales. Pour certains, l’ultime but de cette mesure est de redonner à la France sa souveraineté monétaire.
Pourtant, les conséquences de cette décision ne sont pas négligeables. Une analyse approfondie permet de peser le pour et le contre afin d’identifier les risques que cela pourrait représenter pour l’économie française.
La sortie de la France de la zone euro est une idée qui fait son chemin. Pourtant les engagements qu’a la France envers les pays membres de l’Union européenne rendent la situation très fragile.
La plupart des économistes sont dubitatifs sur le fait qu’un éventuel retour au franc revitaliserait la compétitivité commerciale de l’Hexagone d’autant plus que le franc sera dévalué face à l’euro.
Puisque le système financier français est fortement ancré à la zone euro, la Banque de France sera obligée de convertir toutes les dettes libellées en euros en monnaie nationale. Dans un tel scénario, elle pourrait être obligée de bafouer le pacte de stabilité et de croissance et se soustraire à ses engagements financiers.
Les banques commerciales pourraient subir de plein fouet une perte de clientèle étant donné l’attractivité du compte courant libellé en euros.
Les effets macroéconomiques
ImportantSur le plan commercial, la sortie de la France de la zone euro pourrait pénaliser sa compétitivité commerciale malgré la dévaluation du franc par rapport à l’euro. En effet, comme la structure commerciale du pays a changé depuis l’adoption de l’euro, les Français ne consommeraient pas forcément des produits nationaux même s’ils seront devenus abordables par la dévaluation.
En matière d’emprunt, la France, on le sait, a obtenu des refinancements à moindre coût pour réduire son déficit public excessif depuis 2014. Et dans le cas où elle sortirait de l’union monétaire, les investisseurs vont chercher plus de garanties, le taux d’intérêt va donc grimper.
Quand les coûts d’emprunt deviennent insupportables, le remboursement de ses dettes deviendra difficile à un tel point qu’elle risquerait d’abandonner définitivement ses obligations.
Dès le retour au franc, les banques françaises auront du mal à emprunter des liquidités à la Banque de France car elles seraient obligées d’y déposer des actifs en collatéral respectant des règles d’éligibilité rigoureuses. En clair, la note de la France vis-à-vis des agences de notation ne fera que se dégrader.
Les autres pays comme l'Allemagne, qui cherchent à protéger leurs intérêts, pourraient être tentés d’exclure le système bancaire français de l’espace de paiement transfrontalier TARGET2.
Le sort des dettes françaises
Logiquement, les obligations souveraines, les prêts en euros accordés par les banques étrangères resteront libellés en euros.
Par contre, la conversion des obligations publiques émises en euros pourrait dégrader la note de solvabilité des dettes françaises, tout simplement parce que la probabilité que les créanciers récupèrent la totalité de leurs capitaux avec ses intérêts est rendu très faible. En plus, la dévaluation du franc par rapport à l’euro va alourdir le montant des dettes publiques.
Même si la conversion des obligations publiques émises euro soit légale, la France sera quand même obligée de payer des indemnités sur les CDS et cela pourrait faire augmenter ses charges.