Bilan après deux mois d’application de la loi Macron
Deux mois après l’entrée en vigueur de la loi Macron, la mobilité bancaire a progressé en France. De nombreux clients ont en effet profité du service bancaire instauré par le législateur pour changer de banque. Les demandes de transfert de comptes se multiplient ; les banques peinent à les traiter dans les temps. Des problèmes de communication et d’échange d’informations sont à l’origine du retard de traitement. Gros plans !
Appliquée le 6 février dernier, la loi Macron sur le changement de banque a bel et bien accéléré la mobilité bancaire en Hexagone. Rappelons que cette loi contraint les banques à prendre en charge toutes les démarches relatives au changement de domiciliation des clients.
Les chiffres des prestataires chargés d’automatiser les procédures de changement de banque témoignent de cette progression de la mobilité bancaire. Cité par un expert du secteur bancaire, Frédéric Borry (responsable grands projets chez Lyra Network, un des prestataires en question) affirme :
Ca a démarré très fort dès le mois de février, nous avons été surpris par l'importance des volumes de transfert de comptes.
Frédéric Borry
Isilis, autre acteur majeur, compte de son côté environ 80 000 demandes de transfert de comptes chaque mois.
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Une crise de croissance
Cette forte croissance de la demande de transfert de comptes s’avère toutefois quelque peu problématique étant donné qu’elle est difficile à gérer. Certaines demandes ne sont en effet pas traitées dans le délai imparti qui est de 22 jours maximum.
Jacques Vanhautère, Directeur Général de SEPAmail, le système de messagerie sécurisée adopté par de nombreuses banques pour garantir le transfert de la domiciliation de leurs clients, explique que
Les banques ont eu très peu de temps pour se conformer à la réglementation, il y a donc eu logiquement une période de rodage. Les ajustements ont entrainé des délais de traitements allongés sans toutefois remettre en cause le dispositif. Le traitement des flux de dossiers est revenu à la normale mais l'apurement des dossiers de mobilité bancaire en suspens est encore en cours.
Jacques Vanhautère
Des problèmes de communication
Frédéric Borry estime que la cause de ce retard dans les traitements des demandes réside dans le fait que les banques parviennent difficilement à transférer les bonnes informations en temps voulu. Il souligne que
Les messages échangés présentent parfois des informations non conformes.
Frédéric Borry
Les choses se compliquent davantage quand il s’agit pour les établissements bancaires d’entrer en contact avec les grands créanciers des clients (opérateurs télécoms, énergéticiens, etc.) pour communiquer à ces derniers les nouvelles coordonnées bancaires des usagers. Cette fois-ci, la cause est, selon un spécialiste, que
Certaines banques qui craignent de perdre du terrain avec l'entrée en vigueur de la loi Macron ont tardé à mettre à jour leurs systèmes.
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Un instrument de mesure du taux d’attrition
Un expert explique que le système de transfert automatique des comptes des clients constitue pour les banques un moyen pour mesurer leur taux d’attrition.
Il affirme en effet que
Jusqu'à présent les banques qui perdaient des clients ne s'en apercevaient pas immédiatement car ces derniers délaissent progressivement leur compte. Avec le nouveau système de transfert automatique qui contraint les banques d'arrivée de prévenir les banques de départ, les établissements se sont vus doter d'un instrument de mesure du nombre de clients qui les délaissent.