Bouygues Telecom se lance prudemment dans le secteur de la Fintech
En avril dernier, Xaalys a lancé une application bancaire dédiée aux 12 à 17 ans. La Fintech ambitionne à terme de s’imposer sur ce segment de marché. Dans cette optique, elle a récemment effectué une levée de fonds en collaboration avec Bouygues Telecom et plusieurs business angels. La néobanque prévoit également de développer une offre conjointe avec l’opérateur de télécommunications.
Orange a lancé sa néobanque il y a déjà deux ans. Depuis peu, les rumeurs concernant les projets de Free dans le secteur semblent se concrétiser avec l’agrément d’établissement de paiement obtenu par Iliad, sa maison mère. Bouygues Telecom, de son côté, se montre plus prudent, malgré ses ambitions assumées d’étendre ses activités à l’univers des Fintech.
L’opérateur de télécommunications a récemment annoncé sa prise de participation, en tant qu’investisseur minoritaire, dans la néobanque Xaalys. Bouygues Telecom Initiatives n’a toutefois fourni aucune information sur les capitaux en jeu dans le cadre de cette opération. Néanmoins, il s’agit de la première transaction effectuée par l’entreprise dans le domaine.
Un marché hyperconcurrentiel
Estimée à sept chiffres, la levée de fonds récemment finalisée par Xaalys vient s’ajouter à son augmentation de capital de 450 000 euros. Grâce à ce financement, la jeune pousse envisage d’étoffer son équipe tech et marketing. Elle compte actuellement 13 collaborateurs basés à Paris et à Dakar.
À court terme, la néobanque projette de développer son réseau de distribution et de lancer une nouvelle version de son application pour améliorer l’expérience utilisateur au niveau des parents. Elle espère par ailleurs constituer une communauté de 10 000 à 15 000 utilisateurs actifs d’ici fin 2020. L’offre de Xaalys consiste en une application parent-enfant associée à un compte courant et à une carte de paiement sans découvert (MasterCard).
Elle propose par ailleurs des contenus pédagogiques pour assurer l'éducation financière de ses principaux utilisateurs, les 12 à 17 ans, sous la supervision des parents qui recevront continuellement des notifications sur les transactions.
Avec cette application, les adolescents pourront soumettre des souhaits d'achats, mettre en place des cagnottes et inviter leurs amis à y participer. Ils auront également la possibilité d’épargner de façon ludique. À partir de l’interface miroir qui leur est dédiée, les parents pourront bloquer ou débloquer la carte, fixer des plafonds pour les retraits et définir les dépenses autorisées par catégories d'achats.
Sur le marché français, Xaalys doit s’imposer face à ses principaux concurrents, Kard et Pixpay, qui viennent de lever respectivement 3 et 3,1 millions d'euros. À l’international, la concurrence est tout aussi importante.
L'application britannique Gohenry (qui a inspiré le modèle Pixpay), par exemple, recensait 600 000 clients en mai dernier et évolue désormais sur le marché américain.
Au Royaume-Uni, elle est suivie de près par Pennybox, Osper et Nimbl. Les applications similaires sont également légion aux États-Unis, à l’instar de Current ou de Greenlight (soutenue par une récente levée de fonds de 54 millions de dollars).
Une nouvelle étape dans l’évolution de Bouygues Telecom et de Xaalys
Dans une comparaison neobanque, Xaalys est encore loin de rivaliser avec la large gamme d’offres bancaires et les fonds levés par de grands acteurs du secteur comme Revolut ou N26. Cependant, la néobanque cherche d’emblée à se démarquer de ces enseignes en se focalisant sur une clientèle plus restreinte, mais pleine de potentiel. Par ailleurs, ses utilisateurs sont indissociables de leurs parents.
Depuis le lancement de ses services, Xaalys est parvenue à séduire 12 000 clients. Ainsi, ses réalisations ont déjà dépassé l’objectif initial de 10 000 utilisateurs avant la fin de l'année. Cependant, seuls 6% d’entre eux (près de 800 utilisateurs) ont souscrit un abonnement.
La néobanque se base sur un modèle de type freemium, alliant services gratuits et offre premium. Ainsi, elle propose gratuitement ses contenus éducatifs et ludiques. Les utilisateurs doivent, en revanche, payer 2,99 euros par mois pour accéder aux options transactionnelles. Eu égard à la contre-performance des fonctionnalités payantes, la Fintech compte beaucoup sur sa collaboration avec Bouygues Telecom.
Diana Brondel, directrice générale et fondatrice de Xaalys, explique :
« Au-delà du financement, Bouygues Telecom nous apporte une importante base de clients à équiper. C'est une entreprise qui compte plus de 16 millions de clients. En termes de coûts d'acquisition, c'est un vrai plus ».
Diana Brondel.
En 2020, la néobanque et l’opérateur de télécommunications prévoient de lancer une offre comprenant un abonnement, un smartphone et une carte bancaire avec contrôle parental.
Ce pack devrait rapidement trouver son public, car 5,5 millions d’adolescents possèdent un smartphone, comme le rappelle la fondatrice de la start-up. Bouygues Telecom, pour sa part, poursuit son vaste projet de développement.
Un récent communiqué de presse de l’opérateur indique :
« Cet investissement marque le début d'une troisième étape pour Bouygues Telecom Initiatives. L'investissement est aujourd'hui également dirigé vers des start-up qui portent des potentiels de rupture dans des activités au-delà du cœur de métier de Bouygues Telecom : Cybersécurité, Blockchain, Fintech, Assurtech ».