Les banques facturent des frais exorbitants en cas de dépassement de découvert
La politique tarifaire des banques a toujours fait l’objet de critiques venant des usagers. Alors que certains se plaignent de la facture, d’autres se disent ignorer le réel mode d’application de ces frais. Récemment, le magazine 60 Millions de consommateurs a mis en exergue l’accumulation exagérée des frais bancaires en cas de dépassement du découvert non autorisé.
Le magazine 60 Millions de consommateurs a mené son enquête concernant le mode tarifaire des banques. Dans cette optique, il met en exergue une accumulation parfois aberrante des frais facturés par les établissements bancaires en cas de dépassement du découvert autorisé.
En partenariat avec l’Union nationale des associations familles (Unaf), le magazine déplore la pratique des banques concernant les prélèvements sur les comptes ayant dépassé le découvert autorisé.
Selon les résultats obtenus, les usagers en difficultés financières sont facturés à dix fois plus que ceux ayant un solde débiteur sur leur compte. 60 Millions de consommateurs ne manque d’ailleurs pas à détailler les réalités concernant les commissions d’intervention ponctionnées par les banques.
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60 Millions de consommateurs dévoile tout sur la commission d’intervention
En pratique, les banques proposent toutes des formules qui autorisent les découverts, avec certes, des seuils différents. Ces formules entrainent un coût supplémentaire, comparé au tarif de base des comptes bancaires. Or, avec un découvert, un paiement sans provision est autorisé, moyennant quelques euros d’agios seulement.
C’est lorsque le solde du compte descend en dessous du découvert autorisé que les banques prélèvent des frais élevés. Ainsi, si le compte fait l’objet d’un prélèvement inattendu ou mal anticipé, la banque dispose de deux alternatives :
- Soit, refuser le paiement ;
- Soit, accepter le paiement, en se réservant le droit de facturer une commission d’intervention d’un montant forfaitaire de 8 euros. En effet, cette opération est considérée comme un service rendu au client. Ces 8 euros servent ainsi à rémunérer le travail du conseiller dans l’analyse du paiement indu.
Le magazine 60 Millions de consommateurs déclare pourtant que cette commission est injustifiée, pour un cas sur deux. Il s’appuie sur une consultation menée par la CGT Banque et Assurance auprès des conseillers bancaires pour justifier cette dénonciation.
Selon la revue, la moitié des analyses sont aujourd’hui automatisées. En effet, 10% des conseillers affirment que la facturation d’une commission implique une intervention humaine, contre 54% qui assurent que la décision est entièrement automatisée.
En cas de dépassement de découvert, le conseiller reçoit une alerte informatique avec une acceptation ou un rejet du paiement. Cette préconisation est déterminée selon les informations disponibles sur le client. Il y a des cas où le conseiller peut aller contre l’avis préconisé, mais il doit justifier son acte.
L’un d’eux se confie en disant que :
Bien souvent donc, le conseiller se fie à ce que propose le système informatique.
Autrement dit, les 8 euros de commission d’intervention ne correspondent pas exactement à ce que les banques déclarent aux usagers.
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Que se passe-t-il en cas de rejet de paiement ?
En cas de rejet de paiement pour dépassement de découvert, la facture sera coûteuse pour le client. Pour un paiement sans provision par chèque, la banque prélèvera automatiquement :
- 50 euros pour un paiement d’un montant supérieur à 50 euros ;
- 30 euros pour un chèque moins de 50 euros ;
- 20 euros pour un prélèvement rejeté ;
Ce contexte donne souvent lieu à des situations insolites, comme le cas où un client verra sa banque rejeter un chèque de 20 euros pour motif de dépassement de découvert, tout en lui prélevant 30 euros pour les frais de rejet.
Dans les détails, la banque devra prévenir son client par le biais des « lettres d’information de compte débiteur non autorisé ». Or, bien que cette opération soit automatique, la banque facture en moyenne 14 euros.
Les banques permettent tout de même aux usagers de négocier un remboursement. Pour cela, le titulaire du compte devra adresser un courrier type à son banquier ou le contacter par téléphone. Éventuellement, la banque peut accorder un remboursement des frais ponctionnés, en tenant compte de la justification et de l’historique bancaire du client.
Fabien Tocqué, coordinateur du pôle économique de l’UNAF rétorque pourtant qu’ :
On peut négocier, mais c'est plus facile quand on a des revenus élevés.
Fabien Tocqué
En effet, selon l’enquête de 60 Millions de consommateurs, 28% des clients parviennent à se faire rembourser plus de la moitié du montant des commissions, contre 4% des clients fragiles.
Selon la CGT Banque :
Plus d’un conseiller sur trois a des restrictions ou des consignes pour ne pas trop rétrocéder au client frappé par ces frais.
CGT Banque
Ainsi, un tiers seulement des clients « victime » d’une multiplication des frais bancaires réussissent à obtenir un remboursement partiel de 5 à 10% des frais.