Les banques européennes devront se résoudre à la disparition progressive des dispositifs exceptionnels visant à les soutenir durant la crise
À l’issue de sa dernière réunion de politique monétaire, des décisions majeures ont été prises par la Banque centrale européenne (BCE). L’une d’elles concerne les dispositifs exceptionnels visant à soutenir les établissements bancaires de sa juridiction face à la crise sanitaire. Celle annonçant leur disparition progressive en fonction de l’amélioration de la situation économique.
En Europe et un peu partout dans le monde, les banques ont joué pour beaucoup dans le maintien de la croissance économique face aux impacts de la crise sanitaire. Ce, en ouvrant grand les vannes des crédits avec des conditions d’octroi conciliantes se manifestant principalement à travers des intérêts et des frais bancaire relativement bas.
Et si elles y sont parvenues, c’est en partie, grâce aux pouvoirs publics qui ont décidé de leur porter main-forte à travers des mesures d’assouplissement des réglementations ou des dispositifs de financement. Mais puisque le retour à la normale de l’économie est maintenant amorcé, les autorités estiment qu’il est temps de penser à mettre un terme progressivement à ces aides exceptionnelles.
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Certains acquis de la crise vont rester…
Il va sans dire que les dispositifs exceptionnels dédiés au secteur bancaire étaient au vif du sujet lors de la dernière réunion de politique monétaire de la BCE. L’occasion qui a permis à l’institution de conclure que certains acquis de la crise seront maintenus pour quelque temps encore.
Et en y regardant de près, force est de constater que cette décision concerne principalement les mesures d’assouplissement liées au fonds propre à l’instar du « Bâle III » imposant de nouvelles règles plus contraignantes pour les banques dans ce domaine. Bonne nouvelle pour ces dernières puisque l’entrée en vigueur de cet accord international a été retenue pour 2023 pour ainsi dire que les acteurs concernés disposent encore de deux ans de sursit par rapport au calendrier initial.
En parallèle, ces derniers ont jusqu’à la fin 2022 pour profiter des avantages de l’une des stratégies adoptées par les superviseurs pour les encourager à soutenir l’économie à travers les prêts. Celle leur accordant le droit de puiser dans leur fonds propre en cas de besoin de liquidité.
… D’autres pourraient disparaître plus tôt
Si certains acquis de la crise sont maintenus, d’autres pourraient disparaître plus tôt selon les nouvelles directives. Ce serait bien le cas pour l’allègement lié au « ratio de liquidité » des banques selon la BCE indiquant que :
Elle n’étendrait pas au-delà de décembre 2021.
Ainsi, la Banque centrale européenne estime qu’à partir de 2022, les enseignes financières de sa juridiction ont intérêt à garder en réserve des fonds suffisants pour tenir un mois sans avoir à recourir aux marchés.
Mais il ne s’agit là que d’un détail comparé au fait qu’après la première moitié de l’année prochaine, ces dernières pourraient dire adieu aux avantages des fameux TLTRO. La raison est simple, ces prêts géants consentis aux banques à taux négatif dans la mesure où elles acceptent d’ouvrir grand le robinet des crédits aux PME constituent une source de rentabilité non négligeable selon un spécialiste financier indiquant que :
Les banques empruntaient à -1 % pour ensuite replacer leurs liquidités à -0,5 % auprès de la BCE, empochant la différence.
Et d’ajouter :
Cela représentait une forme de subvention. Il fallait que ça s’arrête.
Ce qui explique en outre le choix de la BCE à suspendre ce mécanisme en faisant valoir dans une note que :
Comme annoncé, le Conseil des gouverneurs s’attend à ce que ces conditions spéciales prennent fin en juin 2022.