La banque britannique RBS a abandonné sa filiale numérique autonome Bo
RBS, l’une des plus grandes enseignes bancaires britanniques, à travers sa PDG Alison Rose, a récemment fait une déclaration concernant Bo, sa banque numérique autonome. Celle annonçant l’abandon de ce service destiné à concurrencer les Startups en croissance dans le domaine des technologies financières pour permettre au groupe de concentrer ses efforts sur Mettle.
En novembre de 2019, RBS a procédé au lancement de Bo, cette banque numérique accompagnée d’une carte de paiement permettant d’effectuer des achats sur Google et les boutiques rattachées à l’application Apple. Son objectif, concurrencer les poids lourds de la technologie financière à l’instar de Monzo, de Revolut et de Starling. Ces fintechs qui ont su se faire une place auprès de la clientèle en séduisant des millions d’utilisateurs.
Un but que l’enseigne ne pourrait évidemment pas atteindre maintenant qu’elle a décidé d’abandonner le projet. Une décision qui, d’après Alison Rose, a un lien avec la nouvelle stratégie du groupe le conduisant à se recentrer sur Mettle, sa marque axée sur les PME.
RBS abandonne Bo pour se concentrer sur Mettle
Nous allons supprimer Bo en tant que marque orientée client.
C’est en cette phrase que se résume la déclaration d’Alison Rose, PDG du groupe Royal Bank of Scotland (RBS) depuis novembre 2019. Dans les détails, ce responsable a toutefois tenu à préciser que :
Nous avons décidé de fusionner notre compte numérique personnel, Bo, avec notre banque numérique pour PME, Mettle.
Alison Rose.
Tout cela pour dire que RBS va fusionner Bo avec Mettle en rajoutant que :
La technologie utilisée à Bo sera intégrée au fur et à mesure du développement de Mettle.
Raisonnant comme un comparateur banque, l’enseigne a en effet découvert que ce compte numérique personnel est moins bénéfique que Mettle, celui destiné aux petites et moyennes entreprises. Tout cela, suite à des résultats peu convaincants enregistrés au premier trimestre de cette année conduisant RBS à :
- Perdre plus de la moitié de ses bénéfices ;
- Mettre de côté 802 millions de livres (1 milliard de dollars) de provisions pour pertes sur créances.
Des aboutissements qui, selon Alison Rose, auraient un lien avec le bilan économique de l'épidémie de coronavirus et les mesures de confinement prises par le Royaume-Uni pour en contenir la propagation. À cette personnalité d’ajouter :
Bo n'a pas échoué, la banque n'a jamais entrepris de lancement de consommateur.
Alison Rose.
Les observateurs y voient un raté
Aux yeux des observateurs, les raisons avancées par Alison Rose pour justifier l’arrêt de Bo sont loin d’être suffisantes.
Dans ce sens, certains analystes pensent que Bo n’a tout simplement pas atteint son objectif étant donné qu’au cours de ses six mois d’existence, l’enseigne n’a attiré que 11 000 clients, alors que son but ultime est de rivaliser avec les fintech comme Revolut et Monzo qui enregistrent respectivement plus de 10 millions d’utilisateurs et de 3,5 millions d’abonnés.
Sarah Kocianski, chercheuse principale chez 11: FS est aussi de cet avis en faisant valoir que :
Bo allait toujours avoir du mal à attirer des clients étant donné la nature et la maturité du marché bancaire numérique au Royaume-Uni.
Sankar Krishnan.
Et d’ajouter que :
Il fallait trouver un moyen de se démarquer et établir un USP (argument de vente unique) pour se différencier des banques exclusivement numériques. Il a clairement échoué à le faire, d'où l’arrêt de la marque.
Sankar Krishnan.
Quoi qu’il en soit, il faut souligner que les critiques ne sont pas toutes aussi négatives. Du moins, si l’on tient compte du point de vue de Sankar Krishnan, vice-président exécutif de Capgemini qui s’est exprimé en ces termes en faisant allusion à la perte de rendement de RBS au premier trimestre 2020 :
Lorsque les bénéfices sont divisés par deux comme ils l'ont fait avec RBS et que les réserves sont mises à part à près d'un milliard, avec plus à suivre, il y a très peu de marge de manœuvre pour financer Bo. C'est donc une fin logique pour cela.
Sankar Krishnan.