La fintech américaine SoFi demande une licence bancaire
Les « Henrys », les « high earners, not rich yet », c’est ainsi que SoFi qualifie les personnes aux revenus élevés, mais qui ne sont pas encore riches. La plateforme de crédit californienne est devenue ce qu’elle est aujourd’hui – une licorne du secteur financier qui pèse 4,5 milliards de dollars – en ciblant cette population de jeunes actifs aisés. Lors de son dernier tour de table fin février, la fintech a réussi à lever 500 millions de dollars. Ce qui établit le total des sommes qu’elle a levé depuis sa création à quelque 1,9 milliard de dollars.
Une fintech aux multiples atouts
La Fintech débute en 2011, fondée par quatre anciens de Stanford. Elle proposait alors le refinancement des prêts étudiants des anciens de l’école de commerce. Le programme a été ensuite élargi à d’autres grandes universités (MIT, Harvard…).
ImportantTrois ans après, la startup étoffe son offre et propose des crédits à la consommation, des prêts immobiliers, des services de gestion de fortune, et dernièrement une assurance-vie.
Aujourd’hui, SoFi compte 350 000 clients. Depuis ses débuts, les prêts octroyés se montent à plus de 20 milliards de dollars, faisant de la fintech la meilleure banque en ligne en matière de refinancement de prêts étudiants.
ImportantSelon Mike Cagney, PDG de SoFi, la moitié des emprunteurs ayant souscrit un emprunt immobilier auprès de la plateforme ont déjà eu recours à elle pour refinancer leur dette étudiante.
Le secret de sa réussite repose sur la numérisation du processus d’octroi des crédits. Ce qui lui a permis de minimiser ses charges, en échappant aux coûts traditionnels d’une banque, et ainsi de proposer des taux attractifs.
Sa méthode d’évaluation de la solvabilité d’un emprunteur est aussi différente : elle considère davantage le parcours universitaire et professionnel de l’individu et le « free cash flow » (revenus mensuels déduits des dépenses), et ne se limite pas au « credit score » (historique de crédit).
Le modèle lui permet de se libérer de bien de tourments auxquels font face les autres banques en ligne (CircleBack Lending, Argon Credit, Avant, Lending Club…).
ImportantSoFi n’intervient pas comme un intermédiaire entre les prêteurs et les emprunteurs, la startup utilise son propre capital et a recours à des emprunts contractés auprès des établissements bancaires pour financer les prêts qu’elle octroie.
Pour les sortir de son bilan, lesdits prêts sont ensuite placés auprès d’investisseurs institutionnels.
La fintech affiche un risque de défaut réduit en ciblant uniquement une clientèle aux revenus élevés (selon S&P, le revenu annuel moyen de ses membres dépasse les 172 000 dollars). SoFi se distingue également en proposant à ses membres des conseils de carrière et des évènements de « networking ».
La plateforme organise entre autres des rencontres entre les membres, grâce à une application mobile et à travers diverses soirées. Une façon d’ancrer un sentiment d’appartenance à un groupe élitiste et d’établir une relation durable avec la clientèle, au-delà du simple aspect financier. Un moyen également d’influencer le comportement des membres (un client marié étant statistiquement moins risqué).
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Une fintech perçue par les banques comme une menace
La plateforme entend désormais enrichir son portefeuille de services. Elle se positionne petit à petit sur le paysage bancaire, ce que n’apprécient guère les banques qui voient comme une menace l’arrivée de cet acteur qui attire dans ses filets la clientèle la moins risquée du marché.
ImportantAprès l’acquisition de la banque en ligne Zenbanx en février, ayant permis à SoFi de disposer de systèmes de gestion des opérations bancaires, la jeune pousse a déposé en juin une requête pour obtenir une licence permettant l’ouverture d’une filiale bancaire dans l’Utah, et pour pouvoir proposer des cartes de crédit et des comptes bancaires.