Deutsche Bank a transféré ses services aux hedge funds au sein de BNP Paribas
Le groupe BNP Paribas a récemment signé un accord avec Deutsche Bank pour reprendre son activité de « prime brokerage ». Les actifs gérés par ce service sont estimés à 150 milliards d’euros. La banque française doit par ailleurs hériter de son homologue allemand de près de 800 à 1 000 salariés, répartis entre New York, Londres et l’Asie.
BNP Paribas se prépare à supprimer près de 500 emplois au niveau de sa division Securities Services et une autre centaine dans la gestion d'actifs, selon les chiffres de L'Agefi. En parallèle, la banque française reprendra entre 800 et 1 000 employés de la Deutsche Bank.
Cette démarche s’inscrit dans le cadre d’un accord passé avec la banque allemande pour poursuivre son activité de « prime brokerage », c'est-à-dire les services aux hedge funds (prêts et mise en pension de titres, règlement-livraison, exécution des ordres, reporting…).
Les deux parties n’ont toutefois communiqué aucun chiffre officiel après l’annonce de la signature du contrat le 23 septembre dernier.
Un accord renforçant le statut de la banque française sur ce marché
Deutsche Bank a décidé de se retirer du prime brokerage, conformément à sa démarche globale visant à limiter son exposition aux risques. En dépit des problèmes rencontrés sur le marché des fonds alternatifs depuis quelques années, les grandes banques internationales envisagent rarement d’abandonner ce secteur cumulant 2 280 milliards de dollars d'actifs.
En reprenant cette activité, BNP Paribas peut améliorer sa position au classement mondial dans ce marché rapportant pas moins de 18 milliards de dollars de commissions chaque année, d’après le cabinet d’expertise Coalition. Actuellement, ce sont Morgan Stanley, JP Morgan ainsi que Goldman Sachs qui accaparent la tête du palmarès.
La banque française pourrait ainsi entrer dans le Top 5, voire le Top 4 mondial grâce à ce transfert d’activité. D’ailleurs, le groupe avait déjà racheté à Bank of America son activité de prime brokerage actions en 2008, à raison de 300 collaborateurs et de 500 clients.
L’accord passé entre les deux parties doit encore être approuvé par les autorités de concurrence. Il devrait néanmoins être finalisé avant la fin de l'année. Ce contrat implique notamment un transfert technologique intéressant. En effet, la plateforme « autobahn » de la Deutsche Bank bénéficie d’une solide réputation.
D’autre part, le processus de transfert de clients de la banque allemande s’accompagnera d’une migration de personnels, basés notamment à New York, Londres, Singapour et Hong Kong. Selon Yann Gérardin, directeur général adjoint du groupe français et responsable de la banque de financement et d'investissement (CIB) :
« Cet accord atteste de l'engagement fort de BNP Paribas auprès des investisseurs institutionnels du monde entier ».
Yann Gérardin.
Une transition délicate
Les particuliers ne sont pas les seuls à se demander quelle banque choisir pour pouvoir répondre au mieux à leurs besoins et faciliter la réalisation de leurs projets. Les hedge funds sont également confrontés à ce problème, avec des enjeux financiers de l’ordre de plusieurs milliards d’euros. Il est donc assez logique que les deux banques aient souhaité finaliser rapidement l’accord pour ne pas perdre de clients.
Le 7 juillet dernier, Deutsche Bank a déjà annoncé son intention d’abandonner son activité de vente d’actions et de trading. Elle a également révélé l’établissement d’un accord préliminaire avec le groupe français pour son activité de prime brokerage.
Suite à l’accord définitif signé en septembre 2019, la banque allemande laissera BNP Paribas continuer d’assurer le service à la clientèle Global Prime Finance et Electronic Equities.
Comme l’expliquent les deux parties, dans un communiqué publié conjointement :
« Les deux banques continueront de travailler étroitement ensemble afin d'assurer aux clients une transition fluide grâce à la migration de la technologie et des équipes clés de Deutsche Bank vers BNP Paribas ».
Toutefois, le périmètre final de l'activité transférée dépendra foncièrement de la décision des clients, de passer ou non vers la nouvelle structure. Les acteurs concernés ont d’ailleurs tenu à insister sur le fait qu'il s’agit d’une continuité d'activité et non d'un rachat de portefeuille. BNP Paribas a déjà procédé de la même manière en 2015 avec RBS pour son cash management (gestion de trésorerie).
Cela dit, Barclays a décidé de récupérer 20 milliards de dollars d'encours, dont la moitié provenait d'un seul client. Ces derniers mois, JP Morgan en aurait également bénéficié.