Les controverses autour d’Aadhaar Card en Inde
Près de 8 ans après son lancement, l’Aadhaar Card n’a visiblement pas connu le succès escompté. Ses résultats en matière de lutte contre la corruption restent mitigés, du moins pour l’heure. Les utilisateurs se heurtent aussi à des obstacles majeurs lors de l’enregistrement. Or, cette carte d’identité biométrique s’avère de plus en plus exigée dans presque toutes les démarches administratives.
Lancée en 2010, l’« Aadhaar Card » s’est vu attribuer la double fonction d’identifier l'ensemble de la population indienne, ainsi que de limiter la corruption liée à la distribution des aides sociales. Cette subvention est effectivement dédiée aux personnes les plus vulnérables.
Aadhaar rassemble un certain nombre de données personnelles (photo du visage, les empreintes digitales, photo numérique de l'iris…) de 1,13 milliard de personnes, soit environ 99 % de la population indienne. Les informations concernant chaque utilisateur sont synthétisées dans un numéro personnel à 12 chiffres.
Ces derniers temps, la carte d'identité biométrique indienne fait néanmoins l'objet de nombreuses controverses. Elle est jugée intrusive, obligatoire et peu sûre. La Cour suprême indienne prévoit bientôt de se prononcer sur le sujet.
Des résultats plus que mitigés
Dans le sud de l'Inde, le taux de détournement des subventions sociales publiques s’estime à environ 25 %. Il passe même du simple au double dans le nord du pays. Selon Pramit Pal Chaudhuri, éditorialiste à l’« Hindustan Times » :
Un grand nombre de migrants perdaient leurs aides, car ils étaient obligés de revenir dans leur état d'origine pour s'enregistrer.
Pramit Pal Chaudhuri.
De plus, il n'existe, pour l'heure, aucune donnée nationale sur les retombées de la carte biométrique, en termes d’économie et de lutte contre la pauvreté. Un certain nombre d’économistes contestent également les 11 milliards annuels d'économies potentielles que la Banque Mondiale a annoncés.
En effet, certains États n'ont pas encore fait remonter leurs statistiques. Les signes de réussite en matière de lutte contre la corruption ne concernent qu’un infime nombre d’États.
De plus en plus exigée
En plus d’un manque d'efficience, l’Aadhaar Card est aussi accusée d’intrusion dans la vie quotidienne des individus. En effet, si lors de son lancement, son utilisation a été basée sur le volontariat, cet outil revêt progressivement un caractère obligatoire.
Il s’implique progressivement dans un nombre accru d'opérations courantes. Les Indiens sont, par exemple, appelés à s’en munir pour s’abonner à une ligne téléphonique, pour payer leurs impôts, pour s'inscrire dans les universités, ou encore pour ouvrir un compte bancaire.
À noter que près de 70 banques indiennes ont d'ores et déjà adopté l’Aadhaar pay, un service de paiement qui utilise le numéro à 12 chiffres de la carte. Enfin, dans un futur proche, les compagnies aériennes envisagent également de l’intégrer dans les démarches d’achat de billet d'avion.