Le secteur bancaire européen se prépare à la montée en force des créances douteuses qui devrait survenir dès 2021
Dans le cadre de son enquête de conjoncture, l’Autorité bancaire européenne (EBA) a fait un état des lieux de l’état de santé du secteur bancaire du Vieux continent. Le bilan est quelque peu inquiétant selon ce régulateur s’attendant à affronter le pire dès l’année prochaine pour l’inciter à mettre sur pied une stratégie qui devrait limiter les dégâts.
À travers son traditionnel exercice de transparence des bilans bancaires, l’EBA a récemment fait savoir que la Commission européenne se prépare à donner le jour à un dispositif de « bad banks ». Ce qui n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard selon cette autorité bancaire démontrant dans son rapport qu’un problème majeur menace de s’abattre sur le secteur, la montée en force des créances douteuses qui devrait survenir dès 2021.
C’est du moins, ce qu’indiquent les différents signes détectés par ce régulateur à l’occasion de son enquête de conjoncture effectuée auprès de 130 grandes banques européennes sur la période d’avril à juin 2020.
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Les autorités bancaires européennes jouent la prudence
Dans son rapport, l’EBA a fait savoir que les autorités bancaires du Vieux continent jouent la prudence. Pour le dire, ce régulateur a mis en exergue la détermination de la Commission européenne à mettre sur pied un dispositif de « bad banks ». Celui qui servira de parachute anti crise pour les banques des pays membres de l’UE si l’on croit un responsable auprès de la Commission soulignant que :
Nous voulons que les banques puissent vendre plus facilement et avec plus de succès les créances douteuses.
Ainsi, tout indique que cet organisme cherche à éviter les effets néfastes des créances douteuses qui ont tendance à progresser significativement depuis le début de la crise sanitaire. Une situation qui n’est d’ailleurs pas passée inaperçue auprès de la BCE si l’on croit Christine Lagarde, sa présidente annonçant que :
Nous commençons à constater un léger resserrement et nous pensons que nous devrions évidemment encourager une évaluation correcte du risque et ne pas encourager les prêts injustifiés ou du moins mal évalués, mais nous pensons que les conditions de prêt devraient être favorables.
Christine Lagarde
Au directeur associé de chez McKinsey d’ajouter :
La crise a mis une forte pression sur le bilan des banques. Elles ont déjà prévu des provisions pour pertes sur crédits sans commune mesure avec la décennie précédente, afin de couvrir leurs crédits non performants en 2021.
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Motivées par les créances douteuses
Il va sans dire que les créances douteuses sont à l’origine de cette escalade de prudence de la part des autorités européennes craignant un resserrement du robinet du crédit qui grippera à son tour l’économie y perdant son levier principal de croissance.
Plus encore, les établissements bancaires pourraient faire face à un phénomène de désertion étant donné que les clients pourraient être tentés de changer de banque pour chercher les enseignes en mesure de répondre à leurs attentes.
Mais pour en revenir au vif du sujet, il faut rappeler que le rapport de l’EBA a mis en exergue les différents facteurs de risque faisant penser à ces défaillances en cascade. À savoir :
- Les 870 milliards d’euros de prêts aux entreprises et particuliers qui sont encore sous moratoire ;
- Les 528 milliards d’euros de crédits douteux liés à la crise financière de 2008 et qui ne sont toujours pas éclusés (127 milliards pour la France) ;
- La croissance de 23% des créances de « niveau 2 » (encore remboursées normalement, mais risquent de ne plus l’être) pour s’établir à 1 200 milliards d’euros.