Plus d’une trentaine de banques russes sont désormais à deux doigts de la faillite, malgré les mesures adoptées par les autorités
En Russie, le système financier figure en tête de liste des secteurs visés par les Occidentaux à travers les différentes sanctions mises en place contre le pays. Et d’après les agences de notation, ces mesures ont eu pour conséquences de mettre en mauvaise posture les banques russes, malgré les filets de sécurité mis en place par les autorités.
Depuis que les États-Unis et l’Europe ont décidé d’imposer une batterie de sanctions économiques et financières à la Russie en guise de répression contre son invasion en Ukraine, les agences de notation Fitch et Moody’s ont concentré leur regard sur les acteurs du secteur bancaire russe. L’objectif, avoir une idée précise sur les impacts de ces répressions sur ces derniers.
Les résultats ne sont pas des plus encourageants pour les clients qui seraient bien nombreux à être forcés de changer de banque dans les jours qui viennent selon ces cabinets d’analyses mettant en exergue la vague de faillite qui se prépare pour les établissements financiers russes.
Les autorités russes tentent d’amortir le choc
À titre de rappel, les sanctions menées par les Occidentaux contre la Russie visent en grande partie la Banque centrale russe (BCR) ainsi que les établissements financiers de sa juridiction à travers :
- Le gel des réserves de la BCR placées à l’étranger ;
- L’interdiction aux entités russes d’emprunter sur les marchés internationaux ;
- La coupure du système de messagerie interbancaire Swift.
L’objectif étant de faire en sorte que le système financier russe soit coupé du reste du monde. Ce qui est plus ou moins chose faite selon les analystes constatant que de son côté, la Russie a également œuvré dans ce sens en empêchant les entreprises et les banques russes de rembourser leurs dettes étrangères en devise.
Malgré cette décision, les autorités russes sont toutefois conscientes que le système n’est pas à l’abri du risque pour les inciter à adopter des mesures extraordinaires dans le but de tenter d’en amortir le choc. À savoir :
- Interdiction aux clients des banques de retirer plus de 10 000 dollars en devises au total d’ici l’automne ;
- Renforcement des marges de manœuvre accordées aux banques pour limiter l’impact des impayés sur leurs comptes ;
- Doublement des taux directeurs de la BCR à 20% pour soutenir le rouble et contrer l’inflation.
Les impacts commencent à peser lourd
En prenant compte des mesures adoptées par les autorités russes, les analystes s’accordent à dire que le pays aurait une chance de limiter les dégâts, mais à courts terme. Ils estiment même que les impacts commencent d’ores et déjà à peser lourd sur la santé économique de la nation amenée à faire face à une baisse de 7% de son PIB cette année selon les estimations de Moody’s précisant que :
Les sanctions imposées à la BCR limiteront l’usage de réserves étrangères pour soutenir le rouble et le système financier en cas de besoin.
Dans les faits, le Rouble a déjà perdu 30% de sa valeur depuis le début du conflit et qu’en parallèle, la filiale européenne de Sberbank a été déclarée faillite par la BCE. Et puisque les études sont essentiellement concentrées sur les impacts des sanctions sur le système bancaire, Fitch a tenu à faire remarquer que :
Les sanctions imposées par les États-Unis et l’Europe mettent les profils des banques russes sous une pression significative, limitant leur capacité à répondre à leurs obligations en devise étrangère, et pourraient mener à moyen terme à une détérioration importante du profil financier des banques.
De quoi inciter cette agence de notation à placer 32 enseignes bancaires russes dans la catégorie « B », celle des établissements à deux doigts de la faillite. Un nombre qui remonte à 39 selon Moody’s qui, à l’instar de Fitch, s’attend à une montée en force des défauts de remboursement des prêts internationaux dans les prochains jours.